fait du feu dans la cheminée paroles

Faisdu feu dans la cheminée. Je reviens chez-nous. S'il fait du soleil à Paris. Il en fait partout. La Seine a repris ses vingt berges. Malgré les lourdes giboulées. Si j'ai du frimas sur les lèvres. C'est que je veille à ses côtés. Ma mie j'ai le cœur à l'envers. Cest un feu de cheminée qui est à l’origine de l’incendie qui a partiellement détruit une maison située au lieu-dit Cosnuel à Guer. Vers 2 heures du matin, dans la nuit de mardi à mercredi, le feu s’est propagé à la toiture à laquelle il a occasionné des dégats importants. Le sinistre n’a pas fait de blessés. JeanPierre Ferland. Il à neige a Port au Prince il pleut encore à Chamony On traverse a gué la Garonne le ciel est plein bleu à Paris Mamie l'hiver est à l'envers ne t'en retourne pas dehors Le monde est en chamaille on gèle au sud on sue au nord Fais du feu dans la cheminée je reviens chez nous S'il fait du soleil à Paris il en fait Laprésentation des quelques sources appartenant à la religion de l’Égypte ancienne permet de mettre cela en évidence : de l’Un pré-existant et universel proviennent la création et la multiplicité des dieux, mais l’affirmation de sa transcendance est variable selon les périodes, jusqu’à ce que prévale à l’époque ramesside (20e dynastie) la conception d’un Dieu de la vie Le"foyer" désigne, dans son sens premier, l'endroit d'une cheminée où se fait le feu. Et, il désigne, dans son deuxième sens, le domicile familial, le lieu où se tient la famille. Cet endroit a été appelé: "foyer" parce que c'est autour du feu que ce Site De Rencontre Au Québec Gratuit. LES MARRONS DU FEU PROLOGUE Mesdames et messieurs, c’est une comédie, Laquelle, en vérité, ne dure pas longtemps ; Seulement que nul bruit, nulle dame étourdie, Ne fasse aux beaux endroits tourner les assistants. La pièce, à parler franc, est digne de Molière Qui le pourrait nier ? Mon groom et ma portière, Qui l’ont lue en entier, en ont été contents. Le sujet vous plaira, seigneurs, si Dieu nous aide ; Deux beaux fils sont rivaux d’amour. La signora Doit être jeune et belle, et si l’actrice est laide, Veuillez bien l’excuser. — Or, il arrivera Que les deux cavaliers, grands teneurs de rancune, Vont ferrailler d’abord. — N’en ayez peur aucune ; Nous savons nous tuer, personne n’en mourra. Mais ce que cette affaire amènera de suites, C’est ce que vous saurez, si vous ne sifflez pas. N’allez pas nous jeter surtout de pommes cuites Pour mettre nos rideaux et nos quinquets à bas. Nous avons pour le mieux repeint les galeries. — Surtout considérez, illustres seigneuries, Comme l’auteur est jeune, et c’est son premier pas. PERSONNAGES L’abbé ANNIBAL DESIDERIO. RAFAEL GARUCI. PALFORIO, hôtelier. Matelots. Valets. Musiciens. Porteurs, etc. LA CAMARGO, danseuse. LÆTITIA, sa camériste. ROSE. CYDALISE. L’amour est la seule chose ici-bas qui ne veuille d’autre acheteur que lui-même. — C’est le trésor que je veux donner ou enfouir à jamais, tel que ce marchand, qui dédaignant tout l’or du Rialto, et se raillant des rois, jeta sa perle dans la mer, plutôt que de la vendre moins qu’elle ne Scène première Le bord de la mer. — Un orage. Un matelot. Au secours ! il se noie ! au secours, monsieur l’hôte ! Palforio. Qu’est-ce ? qu’est-ce ? Le matelot. Qu’est-ce ? qu’est-ce ? Un bateau d’échoué sur la côte. Palforio. Un bateau, juste ciel ! Dieu l’ait eu sa merci ! C’est celui du seigneur Rafael Garuci. En dehors. Au secours ! Le matelot. Au secours ! Ils sont trois ; on les voit se débattre. Palforio. Trois ! Jésus ! Courons vite, on nous paiera pour quatre Si nous en tirons un. — Le seigneur Rafael ! Nul n’est plus magnifique et plus grand sous le ciel ! Exeunt. Rafael est apporté, une guitare cassée à la main. Rafael. Ouf ! — A-t-on pas trouvé là-bas une ou deux femmes Dans la mer ? Deuxième matelot. Dans la mer ?Oui, seigneur. Rafael. Dans la mer ? Oui, sont deux bonnes âmes. Si vous les retirez, vous me ferez plaisir. Ouf !Il s’évanouit. Deuxième matelot. Ouf !Sa main se roidit. — Il tremble. — Il va mourir. Entrons-le là dedans. Ils le portent dans une maison. Troisième matelot. Entrons-le là sais-tu qui demeure Là ? Jean. Là ?C’est la Camargo, par ma barbe, ou je meure ! Troisième matelot. La danseuse ? Jean. La danseuse ? Oui, vraiment, la même qui jouait Dans le Palais d’Amour. Palforio, rentrant. Dans le Palais d’ s’il vous plaît, Le seigneur Rafael est-il hors, je vous prie ? Troisième matelot. Oui, monsieur. Palforio. Oui, mis dans mon hôtellerie. Ce glorieux seigneur ? Troisième matelot. Ce glorieux seigneur ?Non ; on l’a mis ici. Un valet, sortant de la maison. De la part du seigneur Rafael Garuci, Remercîments à tous, et voilà de quoi boire. Matelots. Vive le Garuci ! Palforio. Vive le Garuci !Que Dieu serve sa gloire ! Cet excellent seigneur a-t-il rouvert les yeux, S’il vous plaît ? Un valet. S’il vous plaît ?Grand merci, mon brave homme, il va mieux. Holà ! retirez-vous ! Ma maîtresse vous prie De laisser en repos dormir Sa Seigneurie. Scène II Chez la Camargo. RAFAEL, couché sur une chaise longue ; LA CAMARGO, assise. Camargo. Rafael, avouez que vous ne m’aimez plus. Rafael. Pourquoi ? — d’où vient cela ? — Vous me voyez perclus, Salé comme un hareng ! — Suis-je, de grâce, un homme À vous faire ma cour ? — Quand nous étions à Rome, L’an passé… — Camargo. L’an passé… —Rafael, avouez, avouez Que vous ne m’aimez plus. Rafael. Que vous ne m’aimez plus.— Bon ! comme vous avez L’esprit fait ! — Pensez-vous, madame, que j’oublie Vos bontés ? Camargo. Vos bontés ?C’est le vrai défaut de l’Italie, Que ses soleils de juin font l’amour passager. — Quel était près de vous ce visage étranger, Dans ce yacht ? Rafael. Dans ce yacht ?Dans ce yacht ? Camargo. Dans ce yacht ? Dans ce yacht ?Oui. Rafael. Dans ce yacht ? Dans ce yacht ? je suppose, Laure. — Camargo. Laure. —Non. — Rafael. Laure. —Non. —C’était donc la Cydalise, — ou Rose. Cela vous déplaît-il ? Camargo. Cela vous déplaît-il ?Nullement. — La moitié D’un violent amour, c’est presque une amitié, N’est-ce pas ? Rafael. N’est-ce pas ?Je ne sais. D’où vous vient cette idée ? Philosopherons-nous ? Camargo. Philosopherons-nous ?Je ne suis pas fâchée De vous voir. — À propos, je voulais vous prier De me permettre… — Rafael. De me permettre… —À vous ? — Quoi ? Camargo. De me permettre… —À vous ? — Quoi ?De me marier. Rafael. De vous marier ? Camargo. De vous marier ?Oui. Rafael. De vous marier ? de bon ? — Sur mon âme, Vous m’en voyez ravi. Mariez-vous, madame ! Camargo. Vous n’en aurez nulle ombre, et nul déplaisir ! Rafael. Vous n’en aurez nulle ombre, et nul déplaisir !Non. Et du nouvel époux peut-on dire le nom ? Foscoli, je suppose ? Camargo. Foscoli, je suppose ?Oui, Foscoli lui-même. Rafael. Parbleu ! j’en suis charmé ; c’est un garçon que j’aime, Bonne lignée, et qui vous aime fort aussi. Camargo. Et vous me pardonnez de vous quitter ainsi ? Rafael. De grand cœur ! Écoutez, votre amitié m’est chère ; Mais parlons franc. Deux ans, c’est un peu long. Qu’y faire ? C’est l’histoire du cœur. — Tout va si vite en lui ! Tout y meurt, comme un son, tout, excepté l’ennui ! Moi qui vous dis ceci, que suis-je ? une cervelle Sans fond. — La tête court, et les pieds après elle ; Et, quand viennent les pieds, la tête au plus souvent Est déjà lasse, et tourne où la pousse le vent ! Tenez, soyons amis, et plus de jalousie. Mariez-vous. — Qui sait ? s’il nous vient fantaisie De nous reprendre, eh bien, nous nous reprendrons — hein ? Camargo. Très-bien. Rafael. saint Joseph ! je vous donne la main Pour aller à l’église et monter en carrosse ! Vive l’hymen ! — Ceci, c’est mon présent de noce, — Il l’embrasse. Et j’y joindrai ceci pour souvenir de moi. Camargo. Quoi ! votre éventail ! Rafael. Quoi ! votre éventail !Oui. N’est-il pas beau, ma foi ? Il est large à peu près comme un quartier de lune, — Cousu d’or comme un paon, — frais et joyeux comme une Aile de papillon, — incertain et changeant Comme une femme. — Il a des paillettes d’argent Comme Arlequin. — Gardez-le, il vous fera peut-être Penser à moi ; c’est tout le portrait de son maître. Camargo. Le portrait en effet ! — Ô malédiction ! Misère ! — Oh ! par le ciel, honte et dérision !… Homme stupide, as-tu pu te prendre à ce piège Que je t’avais tendu ? — Dis ! Qui suis-je ? — Que fais-je ? — Va, tu parles avec un front mal essuyé De nos baisers d’hier. — Oh ! c’est honte et pitié ! Va, tu n’es qu’une brute, et tu n’as qu’une joie Insensée, en pensant que je lâche ma proie ! Quand je devrais aller, nu-pieds, t’attendre au coin Des bornes, si caché que tu sois et si loin, J’irai. — Crains mon amour, Garuc’, il est immense Comme la mer ! — Ma fosse est ouverte ; mais pense Que je viendrai d’abord par le dos t’y pousser. Qui peut lécher peut mordre, et qui peut embrasser Peut étouffer. — Le front des taureaux en furie, Dans un cirque, n’a pas la cinquième partie De la force que Dieu met aux mains des mourants. Oh ! je te montrerai si c’est après deux ans, Deux ans de grincements de dents et d’insomnie, Qu’une femme pour vous s’est tachée et honnie, Qu’elle n’a plus au monde, et pour n’en mourir pas, Que vous, que votre col où pendre ses deux bras, Qu’elle porte un amour à fond, comme une lame Torse, qu’on n’ôte plus du cœur sans briser l’âme ; Si c’est alors qu’on peut la laisser, comme un vieux Soulier qui n’est plus bon à rien. Rafael. Soulier qui n’est plus bon à ! les beaux yeux ! Quand vous vous échauffez ainsi, comme vous êtes Jolie ! Camargo. Jolie !Oh ! laissez-moi, monsieur, ou je me jette Le front contre ce mur ! — Rafael, l’attirant. Le front contre ce mur ! —La, la, modérez-vous. Ce mur vous ferait mal ; ce fauteuil est plus doux. Ne pleurez donc pas tant. — Ce que j’ai dit, mon ange, Après votre demande, était-il donc étrange ? Je croyais vous complaire en vous parlant ainsi. Mais — je n’en pensais pas une parole. — Camargo. Mais — je n’en pensais pas une parole. —Oh ! si ! Si ! vous parliez franc. Rafael. Si ! vous parliez L’avez-vous bien pu croire ? Vous me faisiez, un conte, et j’ai fait une histoire ! Calmez-vous. — Je vous aime autant qu’au premier jour, Ma belle ! — mon bijou ! — mon seul bien ! — mon amour ! Camargo. Mon Dieu ! pardonnez-lui, s’il me trompe ! Rafael. Mon Dieu ! pardonnez-lui, s’il me trompe !Cruelle ! Doutez-vous de ma flamme en vous voyant si belle ?Il tourne la glace. Dis, l’amour, qui t’a fait l’œil si noir, ayant fait Le reste de ton corps d’une goutte de lait ? Parbleu ! quand ce corps-là de sa prison s’échappe, Gageons qu’il passerait par l’anneau d’or du pape ? Camargo. Allez voir s’il ne vient personne. Rafael, à part. Allez voir s’il ne vient ! quel ennui ! Camargo, seule un moment, le regardant s’éloigner. — Cela ne se peut pas. — Je suis trompée ! Et lui Se rit de moi. Son pas, son regard, sa parole, Tout me le dit. — Malheur ! Oh ! je suis une folle ! Rafael, revenant. Tout se tait au dedans comme au dehors. — Ma foi, Vous avez un jardin superbe. Camargo. Vous avez un jardin ; J’attends de votre amour une marque certaine. Rafael. On vous la donnera. Camargo. On vous la soir je pars pour Vienne ; M’y suivrez-vous ? Rafael. M’y suivrez-vous ?Ce soir ! — Était-ce pour cela Qu’il fallait regarder si l’on venait ? Camargo. Qu’il fallait regarder si l’on venait ? Holà ! Lætitia ! Lafleur ! Pascariel ! Lætitia, entrant. Lætitia ! Lafleur Pascariel !Madame ! Camargo. Demandez des chevaux pour ce soir. Exit Lætitia. Rafael. Demandez des chevaux pour ce mon âme, Vous avez des vapeurs, madame, assurément. Camargo. Me suivrez-vous ? Rafael. Me suivrez-vous ? Ce soir ! à Vienne ? — Non, vraiment, Je ne puis. Camargo. Je ne donc, Garuci. Je vous laisse. — Je pars seule. — Soyez plus heureux en maîtresse. Rafael. En maîtresse ? heureux moi ? — Ma parole d’honneur. Je n’en ai jamais eu. Camargo, hors d’elle. Je n’en ai jamais donc ? Rafael. Je n’en ai jamais donc ?Mon cœur, Ne recommencez pas à vous fâcher. Camargo. Ne recommencez pas à vous celle De tantôt ? Quels étaient ces gens ? — Que faisait-elle, Cette femme ? — J’ai vu ! — Voudrais-tu t’en cacher ? Quelque fille, à coup sur. — J’irai lui cravacher La figure ! — Rafael. La figure ! —Ah ! tout beau, ma belle Bradamante. Tout à l’heure, voyez, vous étiez si charmante ! Camargo. Tout à l’heure j’étais insensée ; — à présent Je suis sage ! Rafael. Je suis sage !Eh ! mon Dieu, l’on vous fâche en faisant Vos plaisirs ! — J’étais là, près de vous. — Vous me dites D’aller là regarder si l’on vient. — Je vous quitte, Je reviens. — Vous partez pour Vienne Par la croix De Jésus ! qui saurait comment faire ? Camargo. De Jésus ! qui saurait comment faire ?Autrefois, Montrant son lit. Quand je te disais Va ! » c’était à cette place ! Tu t’y couchais sans moi. — Tu m’appelais par grâce ! — Moi, je ne venais pas. — Toi, tu priais. — Alors J’approchais lentement, — et tes bras étaient forts Pour me faire tomber sur ton cœur ! — Mes caprices Étaient suivis alors, — et tous étaient justices. Tu ne te plaignais pas ; c’était toi qui pleurais ! Toi qui devenais pâle, et toi qui me nommais Ton inhumaine ! — Alors étais-je ta maîtresse ? Rafael, se jetant sur le lit. Mon inhumaine ! allons ! ma reine ! ma déesse ! Je vous attends, voyons ! Les champs-clos sont rompus ! M’osez-vous tenir tête ? Camargo, dans ses bras. M’osez-vous tenir tête ?Ah ! tu ne m’aimes plus ! Scène III Devant la maison de la Camargo. L’abbé ANNIBAL DESIDERIO, descendant de sa chaise ; Musiciens, porteurs. L’abbé. Holà ! dites, marauds, — est-ce pas là que loge La Camargo ? Un porteur. La Camargo ?Seigneur, c’est là. — Proche l’horloge Saint-Vincent, tout devant ; ces rideaux que voici, C’est sa chambre à coucher. L’abbé. C’est sa chambre à pour toi, merci. Parbleu ! cette soirée est propice, et je pense Que mes lieux pourraient bien avoir leur récompense. Lu lune ne va pas larder à se lever ; La chose au premier coup peut ici s’achever. Têtebleu ! c’est le moins qu’un homme de ma sorte Ne s’aille pas morfondre à garder une porte ; Je ne suis pas des gens qu’on laisse s’enrouer. — Or, vous autres coquins, qu’allez-vous nous jouer ? — Piano, signor basson, — amoroso ! la dame Est une oreille fine ! — Il faudrait à ma flamme Quelque mi bémol, — hein ? Je m’en vais me cacher Sous ce contrevent-là ; c’est sa chambre à coucher, N’est-ce pas ? Un porteur. N’est-ce pas ?Oui, seigneur. L’abbé. N’est-ce pas ? Oui, ne puis trop vous dire D’aller bien lentement. — C’est un cruel martyre Que le mien ! Têtebleu ! je me suis ruiné Presque à moitié, le tout pour avoir trop donné À mes divinités de soupers et d’aubades. Musiciens. Andantino, seigneur ! Musique. L’abbé. Andantino, seigneur !Tous ces airs-là sont fades. Chantez tout bonnement Belle Philis, » ou bien Ma Climène. » Musiciens. Ma Climène. »Allegro, seigneur ! Musique. L’abbé. Ma Climène. »Allegro, seigneur !Je ne vois rien À cette fenêtre. — Hum !La musique continue. À cette fenêtre. — Hum !Point. — c’est une barbare. — Rien ne bouge. — Allons, toi, donne-moi ta guitare. Il prend une guitare. Fi donc ! pouah !Il en prend une autre. Fi donc ! pouah !Hum ! je vais chanter, moi. — Ces marauds Se sont donné, je crois, le mot pour chanter faux. Il chante. Pour tant de peine et tant d’émoi… Hum ! mi, mi, la. Pour tant de peine et tant d’émoi… Hum ! mi, mi, mi. — Bon. Pour tant de peine et tant d’émoi Où vous m’avez jeté, Climène, Ne me soyez point inhumaine, Et, s’il se peut, secourez-moi,Pour tant de peine. Hum ! mi, mi, mi. — ! rien ne remue ! Va-t-elle me laisser faire le pied de grue ? Têtebleu ! nous verrons ! Il chante. De tant de peine, mon amour… Rafael, sortant de la maison, s’arrête sur le pas de la porte. Têtebleu ! nous verrons !Ah ! ah ! monsieur l’abbé Desiderio ! — Parbleu ! vous êtes mal tombé. L’abbé. Mal tombé, monsieur ! — Mais pas si mal. Je vous chasse Peut-être ? Rafael. Peut-être ?Point du tout ; je vous laisse la place. Sur ma parole, elle est bonne à prendre, et, de plus, Toute chaude. L’abbé. Toute monsieur, pour faire abus Des oreilles d’un homme, il ne faut pas une heure — Il ne faut qu’un mot. Rafael. Il ne faut qu’un ? j’aurais cru, que je meure, Les vôtres sur ce point moins promptes, aux façons Dont les miennes d’abord avaient pris vos chansons. L’abbé. Tête et ventre ! monsieur, faut-il qu’on vous les coupe ? Rafael. La, tout beau, sire ! Il faut d’abord, moi, que je soupe. Je ne me suis jamais battu sans y voir clair, Ni couché sans souper. L’abbé. Ni couché sans souper. Pour quelqu’un du bel air, Vous sentez le mauvais soupeur, mon gentilhomme. Le touchant. Ce vieux surtout mouillé ! Qu’est-ce donc qu’on vous nomme ? Rafael. On me nomme seigneur Vide-bourse, casseur De pots ; c’est, en anglais, blockhead, maître tueur D’abbés. — Pour le seigneur Garuci, c’est son père Le plus communément qui couche avec ma mère. L’abbé. S’il y couche demain, il court, je lui prédis, Risque d’avoir pour femme une mère sans fils. Votre logis ? Rafael. Votre logis ?Hôtel du Dauphin bleu. La porte À droite, au petit Parc. L’abbé. À droite, au petit armes ? Rafael. À droite, au petit armes ?Peu m’importe ; Fer ou plomb, balle ou pointe. L’abbé. Fer ou plomb, balle ou votre heure ? Rafael. Fer ou plomb, balle ou votre heure ?Midi. L’abbé le salue et retourne à sa chaise. Ce petit abbé-là m’a l’air bien dégourdi. Parbleu ! c’est un bon diable ; il faut que je l’invite À souper. — Hé ! monsieur, n’allez donc pas si vite ! L’abbé. Qu’est-ce, monsieur ? Rafael. Qu’est-ce, monsieur ?Vos gens s’ensauvent comme si La fièvre à leurs talons les emportait d’ici. Demeurez, pour l’amour de Dieu, que je vous pose Un problème d’algèbre. — Est-ce pas une chose Véritable, et que voit quiconque a l’esprit sain, Que la table est au lit ce qu’est la poire au vin ? De plus, deux, gens de bien, à s’aller mettre en face Sans s’être jamais vus, ont plus mauvaise grâce, Assurément, que, quand il pleut, une catin À descendre de fiacre en souliers de satin. Donc, si vous m’en croyez, nous souperons ensemble ; Nous nous connaîtrons mieux pour demain. Que t’en semble, Abbé ? L’abbé. Abbé ? Parbleu ! marquis, je le veux, et j’y vais. Il sort de sa chaise. Rafael. Voilà les musiciens qui sont déjà trouvés ; Et pour la table, — holà ! Palforio ! l’auberge !Frappant. Cette porte est plus rude à forcer qu’une vierge. Palforio ! manant, tripier, sac à boyaux ! Vous verrez qu’à cette heure ils dorment, les bourreaux ! Il jette une pierre dans la vitre. Palforio, à la fenêtre. Quel est le bon plaisir de Votre Courtoisie ? Rafael. Fais-nous faire à souper. Certes, l’heure est choisie Pour nous laisser ainsi casser tous tes carreaux ! Dépêche, sac à vin ! — Pardieu ! si j’étais gros Comme un muid, comme toi, je dirais qu’on me porte, En guise d’écriteau, sur le pas de ma porte ; On saurait où me prendre au moins. Palforio. On saurait où me prendre au Très-excellent seigneur. Rafael. Très-excellent démène-toi. Vite, va mettre en l’air ta marmitonnerie. Donne-nous ton meilleur vin et ta plus jolie Servante ; embroche tout tes oisons, tes poulets, Tes veaux, tes chiens, tes chats, ta femme et tes valets ! — Toi, l’abbé, passe donc ; en joie ! et pour nous battre Après nous taperons, vive Dieu ! comme quatre. Scène IV La loge de la Camargo. — On la chausse. Camargo. Il ira. — Laissez-moi seule, et ne manquez pas Qu’on me vienne avertir quand ce sera mon pas. — C’est la règle, ô mon cœur ! — Il est sûr qu’une femme Met dans une âme aimée une part de son âme. Sinon, d’où pourrait-elle et pourquoi concevoir La soif d’y revenir et l’horreur d’en déchoir ? Au contraire, un cœur d’homme est comme une marée Fuyarde des endroits qui l’ont mieux attirée. Voyez qu’en tout lien, l’amour à l’un grandit Et par le temps empire, à l’autre refroidit. L’un, ainsi qu’un cheval qu’on pique à la poitrine, En insensé toujours contre la javeline Avance et se la pousse au cœur jusqu’à mourir. L’autre, dès que ses flancs commencent à s’ouvrir, Qu’il sent le froid du fer, et l’aride morsure Aller chercher le cœur au fond de la blessure, Il prend la fuite en lâche, et se sauve d’aimer. — Ah ! que puissent mes yeux quelque part allumer Une plaie à la mienne en misère semblable, Et je serai plus dure et plus inexorable Qu’un pauvre pour son chien, après qu’un jour entier Il a dit Pour l’amour de Dieu ! » sans un denier. — Suis-je pas belle encor ? — Pour trois nuits mal dormies, Ma joue est-elle creuse, ou mes lèvres blêmies ? Vrai Dieu ! ne suis-je plus la Camargo ? — Sait-on, Sous mon rouge, d’ailleurs, si je suis pâle ou non ? Va, je suis belle encor ! — C’est ton amour, perfide Garuci, que déjà le temps efface et ride, Non mon visages — Un nain contrefait et boiteux, Voulant jouer Phœbus, lui ressemblerait mieux, Qu’aux façons d’une amour fidèle et bien gardée, L’allure d’une amour défaillante et fardée. Ah ! c’est de ce matin que ton cœur m’est connu, Car en le déguisant tu me l’as mis à nu. Certes, c’est un loisir magnifique et commode Que la paisible ardeur d’une intrigue à la mode ! — Qu’est-ce alors ? — C’est un flot qui nous berce rêvant ! C’est l’ombre qui s’enfuit d’une fumée au vent ! Mais que l’ombre devienne un spectre, et que les ondes S’enfoncent sous les pieds, vivantes et profondes, Le mal aimant recule, et le bon reste seul. Oh ! que dans sa douleur ainsi qu’en un linceul Il se couche à cette heure et dorme ! La pensée D’un homme est de plaisirs et d’oublis traversée Une femme ne vit et ne meurt que d’amour ; Elle songe une année à quoi lui pense un jour ! Lætitia, entrant. Madame, on vous attend à la troisième scène. Camargo. Est-ce la Monanteuil, ce soir, qui fait la reine ? Lætitia. Oui, madame, et monsieur de Monanteuil, Sylvain. Camargo. Fais porter cette lettre à l’hôtel du Dauphin. Scène V Une salle à manger très-riche. GARUCI, à table avec l’abbé ANNIBAL, musiciens. Rafael. Oui, mon abbé, voilà comme, une après-dînée, Je vis, pris, et vainquis la Camargo, l’année Dix-sept cent soixante-un de la nativité De Notre-Seigneur. L’abbé. De Notre-Seigneur.— Triste ! oh ! triste, en vérité ! — Rafael. Triste, abbé ? — Vous avez le vin triste ? — Italie, Voyez-vous, à mon sens, c’est la rime à folie. Quant à mélancolie, elle sent trop les trous Aux bas, le quatrième étage, et les vieux sous. On dit qu’elle a des gens qui se noient pour elle. — Moi, je la noie. Il boit. L’abbé. — Moi, je la quand vous eûtes cette belle Camargo, vous l’aimiez fort ? Rafael. Camargo, vous l’aimiez fort ?Oh ! très-fort ! — et puis, À vous dire le vrai, je m’y suis très-bien pris. Contre un doublon d’argent un cœur de fer s’émousse. Ce fut, le premier mois, l’amitié la plus douce Qui se puisse inventer. Je m’en allais la voir, Comme ça, tout au saut du lit, — ou bien le soir Après le spectacle. — Oh ! c’était une folie Dans ce temps-là ! — Pauvre ange ! — Elle était bien jolie ! Si bien qu’après un mois je cessai d’y venir. Elle de remuer terre et ciel, — moi de fuir. — Pourtant je fus trouvé — reproches, pleurs, injure, Le reste à l’avenant. — On me nomma parjure, C’est le moins. — Je rompis tout net. — Bon. — Cependant Nous nous allions fuyant et l’un l’autre oubliant. — Un beau soir, je ne sais comment se fit l’affaire, La lune se levait cette nuit-là si claire, Le vent était si doux, l’air de Rome est si pur ! — C’était un petit bois qui côtoyait un mur, Un petit sentier vert, — je le pris, — et, Jean comme Devant, je m’en allai l’éveiller dans son somme. L’abbé. Et vous l’avez reprise ? Rafael, cassant son verre. Et vous l’avez reprise ?Aussi vrai que voilà Un verre de cassé. — Mon amour s’en alla Bientôt. — Que voulez-vous ? moi, j’ai donné ma vie À ce dieu fainéant qu’on nomme fantaisie. C’est lui qui, triste ou fou, de face ou de profil, Comme un polichinel me traîne au bout d’un fil ; Lui qui tient les cordons de ma bourse et la guide De mon cheval ; jaloux, badaud, constant, perfide. En chasse au point du jour dimanche, et vendredi Cloué sur l’oreiller jusque et passé midi. Ainsi je vais en tout, — plus vain que la fumée De ma pipe, — accrochant tous les pavés. — L’année Dernière, j’étais fou de chiens d’abord, et puis De femmes. — Maintenant, ma foi, je ne le suis De rien. — J’en ai bien vu, des petites princesses ! La première surtout m’a mangé de caresses ; Elle m’a tant baisé, pommadé, balloté ! C’est fini, voyez-vous — celle-là m’a gâté. Quant à la Camargo, vous la pouvez bien prendre Si le cœur vous en dit ; mais je me veux voir pendre Plutôt que si ma main de sa nuque approchait. L’abbé. Triste ! Rafael. Triste !Encor triste, abbé ? Aux ! Encor triste, abbé ?Hé ! messieurs de l’archet, En ut ! égayez donc un peu Sa Courtoisie. Musique. Ma foi, voilà deux airs très-beaux. Il parle en se promenant, pendant que l’orchestre joue piano. Ma foi, voilà deux airs poésie, Voyez-vous, c’est bien. — Mais la musique, c’est mieux. Pardieu ! voilà deux airs qui sont délicieux ; La langue sans gosier n’est rien. — Voyez le Dante Son Séraphin doré ne parle pas, — il chante ! C’est la musique, moi, qui m’a fait croire en Dieu. — Hardi, ferme, poussez, — crescendo !Hardi, ferme, poussez, — crescendo !Mais, parbleu ! L’abbé s’est endormi. — Le voilà sous la table. C’est vrai qu’il a le vin mélancolique en diable. Ô doux, ô doux sommeil ! ô baume des esprits ! Reste sur lui, sommeil ! Dormir quand on est gris, C’est, après le souper, le premier bien du monde. Palforio, entrant. Une lettre, seigneur. Rafael, après avoir lu. Une lettre, le ciel la confonde ! Dites que je n’irai certes pas. — Attendez ! Si, — c’est cela, — parbleu ! — je — non — si fait, restez. Dites que l’on m’attend. Exit Palforio. Dites que l’on m’ l’abbé ! — Sur mon âme, Il ronfle en enragé. L’abbé. Il ronfle en madame ; Est-ce que je dormais ? Rafael. Est-ce que je dormais ?Eh ! voulez-vous avoir La Camargo, l’ami ? L’abbé, se levant. La Camargo, l’ami ?Tête et ventre ! ce soir ? Rafael. Ce soir même. — Écoutez bien — elle doit m’attendre Avant minuit. — Il est onze heures, — il faut prendre Mon habit. — L’abbé se déboutonne. Mon habit. —Me donner le vôtre. L’abbé ôte son manteau. Mon habit. —Me donner le irez À la petite porte, et là vous tousserez Deux fois ; toussez un peu. L’abbé. Deux fois ; toussez un ! hum ! Rafael. Deux fois ; toussez un ! hum !C’est à merveille. Nous sommes à peu près de stature pareille. Changeons d’habit. — Ils changent. Changeons d’habit. —Parbleu ! cet habit de cafard Me donne l’encolure et l’air d’un escobard. Le marquis Annibal ! l’abbé Garuci ! — Certe, Le tour est des meilleurs. Or donc, la porte ouverte, On vous introduira piano. — Mais n’allez pas Perdre la tête là. — Prenez-la dans vos bras, Et tout d’abord du poing renversez la chandelle. — L’alcôve est à main droite en entrant. — Pour la belle, Elle ne dira mot ; ne réponds rien. — L’abbé. Elle ne dira mot ; ne réponds rien. —J’y vais. Marquis, c’est à la vie, à la mort. — Si jamais Ma maîtresse te plaît, à tel jour, à telle heure Que ce soit, écris-moi trois mots, et que je meure Si tu ne l’as le soir ! Il sort. Rafael lui crie par la fenêtre. Si tu ne l’as le soir ! L’abbé, si vous voulez Qu’on vous prenne pour moi tout à fait, embrassez La servante en entrant. — Holà ! marauds, qu’on dise À quelqu’un de m’aller chercher la Cydalise ! Scène VI Chez la Camargo. Camargo, entrant. Déchausse-moi. — J’étouffe ! — A-t-on mis mon billet ? Lætitia. Oui, madame. Camargo. Oui, qu’a-t-on répondu ? Lætitia. Oui, qu’a-t-on répondu ?Qu’il viendrait. Camargo. Était-il seul ? Lætitia. Était-il seul ?Avec un abbé. — Camargo. Était-il seul ? Avec un abbé. —Qui se nomme ?… Lætitia. Je ne sais pas. — Un gros, joufflu, court, petit homme. Camargo. Lætitia ! Lætitia. Lætitia !Madame ? Camargo. Lætitia ! Madame ?Approchez un peu. — J’ai Depuis le mois dernier bien pâli, bien changé, N’est-ce pas ? Je fais peur. — Je ne suis pas coiffée ; Et vous me serrez tant, je suis tout étouffée. Lætitia. Madame a le plus beau teint du monde ce soir. Camargo. Vous croyez ? — Relevez ce rideau. — Viens t’asseoir Près de moi. — Penses-tu, toi, que, pour une femme, C’est un malheur d’aimer, — dans le fond de ton âme ? Lætitia. Un malheur, quand on est riche ! L’abbé, dans la rue. Un malheur, quand on est riche !Hum ! Camargo. Un malheur, quand on est riche ! Hum !N’entends-tu pas Qu’on a toussé ? — Pourtant ce n’était point son pas. Lætitia. Madame, c’est sa voix. — Je vais ouvrir la porte. Camargo. Versez-moi ce flacon sur l’épaule. La Camargo reste un moment seule, en silence. Lætitia rentre, accompagnée de l’abbé sous le manteau du Garuci, puis se retire aussitôt. Le coin du manteau accroche en passant la lampe et la se jetant à son cou. Versez-moi ce flacon sur l’ ! La Camargo est assise ; elle se lève et va à son alcôve. L’abbé la suit dans l’obscurité. Elle se retourne et lui tend la main ; il la Versez-moi ce flacon sur l’ !Main-forte ! Au secours ! ce n’est pas lui ! Tous deux restent immobiles un Au secours ! ce n’est pas lui !Madame, en pensant… — Camargo. Au guet ! — Mais quel est donc cet homme ? L’abbé, lui mettant son mouchoir sur la bouche. Au guet ! — Mais quel est donc cet homme ?Ah ! tête et sang ! Ma belle dame, un mot. — Je vous tiens, quoi qu’on fasse. Criez si vous voulez ; mais il faut qu’on en passe Par mes volontés. Camargo, étouffant. Par mes ! L’abbé. Par mes !Écoute ! si tu veux Que nous passions une heure à nous prendre aux cheveux, À ton gré, je le veux aussi ; mais je te jure Que tu n’y peux gagner beaucoup, — et sois bien sûre Que tu n’y perdras rien. — Madame, au nom du ciel, Vous allez vous blesser. — Si mon regret mortel De vous offenser, si — Camargo, arrache la boucle de sa ceinture et l’en frappe au visage. De vous offenser, si —Tu n’es qu’un misérable Assassin ! — Au secours ! L’abbé. Assassin ! — Au secours !Soyez donc raisonnable, Madame ! calmez-vous. — Voulez-vous que vos gens Fassent jaser le peuple ou venir les sergents ? Nous sommes seuls, la nuit, — et vous êtes trompée Si vous pensez qu’on sort à minuit sans épée. Lorsque vous m’aurez fait éventrer un valet Ou deux, m’en croira-t-on moins heureux, s’il vous plaît ? Et n’en prendra-t-on pas le soupçon légitime, Qu’étant si criminel, j’ai commis tout le crime ? Camargo. Et qui donc es-tu, toi qui me parles ainsi ? L’abbé. Ma foi, je n’en sais rien. — J’étais le Garuci Tout à l’heure, à présent… — Camargo, le menant à l’endroit de la fenêtre où donne la lune. Tout à l’heure, à présent… —Viens ici. — Sur ta vie Et le sang de tes os, réponds. — Que signifie Ce chiffre ? L’abbé. Ce chiffre ?Ah ! pardonnez, madame, je suis fou D’amour de vous. — Je suis venu sans savoir où. Ah ! ne me faites pas cette mortelle injure, Que de me croire un cœur fait à cette imposture. Je n’étais plus moi-même, et le ciel m’est témoin Que de vous mériter nul n’a pris plus de soin. Camargo. Je te crois volontiers, en effet, la cervelle Troublée. — Et cette plaque, enfin, d’où te vient-elle ? L’abbé. De lui. Camargo. De ? — L’as-tu donc égorgé ? L’abbé. De ? — L’as-tu donc égorgé ? Moi ? non point. Je l’ai laissé très-vif, une bouteille au poing. Camargo. Quel jeu jouons-nous donc ? L’abbé. Quel jeu jouons-nous donc ?Eh ! madame, lui-même Ne pouvait-il pas seul trouver ce stratagème ? Et ne voyez-vous point que lui seul m’a donné Ce dont je devais voir mon amour couronné ? Et quel autre que lui m’eût dit votre demeure ? M’eût prêté ses habits ? m’eût si bien marqué l’heure ? Camargo. Rafael ! Rafael ! le jour que de mon front Mes cheveux sur mes pieds un à un tomberont, Que ma joue et mes mains bleuiront comme celles D’un noyé, que mes yeux laisseront mes prunelles Tomber avec mes pleurs, alors tu penseras Que c’est assez souffert, et tu t’arrêteras ! L’abbé. Mais — Camargo. Mais —Et quel homme encor me met-il à sa place ? De quelle fange est l’eau qu’il me jette à la face ? Viens, toi. — Voyons lequel est écrit dans tes yeux, Du stupide ou du lâche, ou si c’est tous les deux. L’abbé. Madame — Camargo. Madame —Je t’ai vu quelque part. L’abbé. Madame —Je t’ai vu quelque le comte Foscoli. Camargo. cela. — Si ce n’était de honte, Ce serait de pitié qu’à te voir ainsi fait, Comme un bouffon manqué, le cœur me lèverait ! Voyons, qu’avais-tu bu ? dans cette violence, Pour combien est l’ivresse, et combien l’impudence ? Va, je te crois sans peine, et lui seul sûrement Est le joueur ici qui t’a fait l’instrument. Mais écoute. — Ceci vous sera profitable. — Va-t’en le retrouver, s’il est encore à table ; Dis-lui bien ton succès, et que lorsqu’il voudra Prêter à ses amis des filles d’Opéra… — L’abbé. D’Opéra ! — Hé parbleu ! vous seriez bien surprise Si vous saviez qu’il soupe avec la Cydalise ! Camargo. Quoi ! Cydalise ! L’abbé. Quoi ! Cydalise !Eh oui ! gageons que l’on entend D’ici les musiciens, s’il fait un peu de vent. Tous deux prêtent l’oreille à la fenêtre. On entend une symphonie lente dans l’éloignement. Camargo. Ciel et terre ! c’est vrai ! L’abbé. Ciel et terre ! c’est vrai !C’est ainsi qu’il oublie Auprès d’elle, qui n’est ni jeune ni jolie, La perle de nos jours ! Ah ! madame, songez Que vos attraits surtout par là sont outragés. Songez au temps, à l’heure, à l’insulte, à ma flamme ; Croyez que vos bontés — Camargo. Croyez que vos bontés —Cydalise ! L’abbé. Croyez que vos bontés —Cydalise ! Eh ! madame, Ne daignerez-vous pas baisser vos yeux sur moi ? Si le plus absolu dévouement… Camargo. Si le plus absolu dévouement…Lève-toi. As-tu le poignet ferme ? L’abbé. As-tu le poignet ferme ? Hai… Camargo. As-tu le poignet ferme ? Hai… Voyons ton épée. L’abbé. Madame, en vérité, vous vous êtes coupée ! Camargo. Eh quoi ! pâle avant l’heure, et déjà faiblissant ? L’abbé. Non pas ; mais, têtebleu ! voulez-vous donc du sang ? Camargo. Abbé, je veux du sang ! J’en suis plus altérée Qu’une corneille au vent d’un cadavre attirée. Il est là-bas, dis-tu ? — cours-y donc, — coupe-lui La gorge, et tire-le par les pieds jusqu’ici. Tords-lui le cœur, abbé, de peur qu’il n’en réchappe. Coupe-le en quatre, et mets les morceaux dans la nappe ; Tu me l’apporteras, et puisse m’écraser La foudre, si tu n’as par blessure un baiser ! Tu tressailles, Romain ? C’est une faute étrange, Si tu te crois ici conduit par ton bon ange ! Le sang te fait-il peur ? Pour t’en faire un manteau De cardinal, il faut la pointe d’un couteau. Me jugeais-tu le cœur si large, que j’y porte Deux amours à la fois, et que pas un n’en sorte ? C’est une faute encor ; mon cœur n’est pas si grand, Et le dernier venu ronge l’autre en entrant. L’abbé. Mais, madame, vraiment, c’est… Est-ce que ?… Sans doute C’est un assassinat. — Et la justice ? Camargo. C’est un assassinat. — Et la justice ?Écoute. Je t’en supplie à deux genoux. L’abbé. Je t’en supplie à deux je me bats Avec lui demain, moi. Cela ne se peut pas ; Attendez à demain, madame. — Camargo. Attendez à demain, madame. —Et s’il te tue ? — Demain ! Et si j’en meurs ? — Si je suis devenue Folle ? — Si le soleil, se prenant à pâlir, De ce sombre horizon ne pouvait pas sortir ? On a vu quelquefois de telles nuits au monde. Demain ! le vais-je attendre à compter par seconde Les heures sur mes doigts, ou sur les battements De mon cœur, comme un juif qui calcule le temps D’un prêt ? — Demain ensuite, irai-je pour te plaire Jouer à croix ou pile, et mettre ma colère Au bout d’un pistolet qui tremble avec ta main ? Non pas. — Non ! aujourd’hui est à nous, mais demain Est à Dieu ! — L’abbé. Est à Dieu ! —Songez donc… — Camargo. Est à Dieu ! —Songez donc… —Annibal, je t’adore ! Embrasse-moi ! Il se jette à son cou. L’abbé. Embrasse-moi !Démons !! — Camargo. Embrasse-moi ! Démons !! —Mon cher amour, j’implore Votre protection. — Voyez qu’il se fait tard. — Me refuserez-vous ? — Tiens, tiens, prends ce poignard. Qui te verra passer ? il fait si noir ! L’abbé. Qui te verra passer ? il fait si noir !Qu’il meure, Et vous êtes à moi ? Camargo. Et vous êtes à moi ?Cette nuit. L’abbé. Et vous êtes à moi ? Cette une heure. Ah ! je ne puis marcher. — Mes pieds tremblent. — Je sens Je — je vois — Camargo. Je — je vois —Annibal ! je suis prête, et j’attends. Scène VII À l’auberge. RAFAEL est assis avec ROSE et CYDALISE. Rafael chante. Trivelin ou Scaramouche, Remplis ton verre à moitié ; Si tu le bois tout entier, Je dirai que tu te mouches Du pied. Je ne sais pas au fond de quelle pyramide De bouteilles de vin, au cœur de quel broc vide S’est caché le démon qui doit me griser, mais Je désespère encor de le trouver jamais. Cydalise. À toi, mon prince ! Rafael. À toi, mon prince !À toi, buvons à mort, déesse Ma foi, vive l’amour ! Au diable ma maîtresse ! La vie est à descendre un rude grand chemin ; Gai donc, la voyageuse, au coup du pèlerin ! Cydalise. Chante, je vais danser. Rafael. Chante, je vais dit. — Ah ! la jolie Jambe ! — Il se couche aux pieds de Rose, et prélude. Jambe ! —Je suis Hamlet aux genoux d’Ophélie. Mais, reine, ma folie est plus douce, et mes yeux Sous vos longs sourcils noirs invoquent d’autres dieux. Il chante. Si, dans les antres de Gnide, Aux bras de Vénus porté, Le vieux Jupiter, que ride Sa vieille immortalité, Dans la céleste furie, Me laissait finir sa vie, Qui jamais ne finira Dieux immortels, que je meure ! J’aimerais mieux un quart d’heure Chez la blanche Lydia. Que j’aime ces beaux seins qui battent la campagne ! Au menuet, danseuse ! — Et vous, du vin d’Espagne !à Rose. Et laissez vos regards avec le vin couler. Dieu merci, ma raison commence à s’en aller ! Cydalise. Tu me laisses danser toute seule ? Rafael. Tu me laisses danser toute seule ?Ma reine, Cela n’est pas bien dit. Il se lève. Cela n’est pas bien table nous gêne. Il la renverse du pied. Palforio, entrant. Seigneur, je ne puis dire autre chose, sinon Que de vous déranger je demande pardon ; Mais vous faites un bruit bien fort, et qui fait mettre Autour de ma maison le monde à la fenêtre. Veuillez crier moins haut. Rafael. Veuillez crier moins ! parbleu ! je crierai, Maître porte-bedaine, autant que je voudrai. Holà ! hé ! hohé ! ho ! Palforio. Holà ! hé ! hohé ! ho !Seigneur, je vous supplie D’observer qu’il est tard. Rafael. D’observer qu’il est paix, vieille truie ! Je suis abbé, d’abord. — Si vous dites un mot, Je vous excommunie. — Arrière, toi, pied-bot ! Il danse en chantant. Monsieur l’abbé, où courez-vous ? Vous allez vous casser le cou. Palforio. Seigneur, si vous criez, j’irai chercher la garde ; J’en demande pardon à Votre Honneur. — Rafael. J’en demande pardon à Votre Honneur. —Prends garde Que mon pied n’aille voir tes chausses. Palforio. Que mon pied n’aille voir tes ! à moi ! Je suis mort ! Rafael. Je suis mort !Ventrebleu ! je suis ici chez toi ; J’y suis pour mon plaisir, et n’en sortirai mie. Palforio. Seigneur, excusez-moi ; c’est mon hôtellerie, Et vous en sortirez. — À la garde ! Rafael, lui jetant une bouteille à la tête. Et vous en sortirez. — À la garde !Tiens ! Palforio. Et vous en sortirez. — À la garde ! Tiens !Ah ! Il tombe. Cydalise. Vous l’avez tué ! Rafael. Vous l’avez tué !Non. Cydalise. Vous l’avez tué ! fait. Rafael. Vous l’avez tué ! Rose. Vous l’avez tué ! fait. Rafael. Vous l’avez tué ! !Il le secoue. Eh ! Palforio, vieux porc ! Il sait mieux que personne Où vont, après leur mort, les gredins — Je m’étonne Que Satan ou Pluton, dès la première fois, Dans cette nuque chauve aient enfoncé les doigts. Ma foi, bonsoir ; le drôle a soufflé sa chandelle. Adieu, ventre sans tête. — Il faut partir, ma belle. Les sergents nous feraient payer les pots. — Allons. C’est dur de nous quitter sitôt. — Allons, partons. Je le croyais plus ferme, et que les vieilles âmes Se rouillaient à l’étui comme les vieilles lames. Cydalise. Paix ! on vient. Voix. Paix ! on guet ! Rafael. Paix ! on guet !Hein ? Je crois que les bourreaux Sont gens, Dieu me pardonne, à quérir les prévôts. Ne les attendons pas, mon ange. — Cette issue Secrète nous conduit, par la petite rue, À mon hôtel. Voix. À mon là. Cydalise. À mon Dieu ! si l’on entrait ! Rafael. Allons, le mantelet, le loup et le bonnet ; Par ici, par ici ; bonsoir, mes Cydalises. Cydalise. Bonsoir, mon prince. Un sergent, entrant. Bonsoir, mon ! en voilà deux de prises. Cydalise. Mon prince, sauvez-vous ! Le sergent. Mon prince, sauvez-vous !Qu’on le retienne ! Rafael. Mon prince, sauvez-vous Qu’on le retienne !!Il pleut Un peu, mais c’est égal. — Ma foi, sauve qui peut ! Il saute par la fenêtre. Un soldat. Sergent, nous n’avons rien. — Votre homme est passé maître Dans le saut périlleux. — Il a pris la fenêtre. Le sergent. Oh ! oh ! tenez-le bien ! — Que vois-je ? L’hôtelier Est mort. Courez tous vite, et sus le meurtrier ! Scène VIII Une rue au bord de la mer. RAFAEL descend le long d’un treillis ; ANNIBAL passe dans le fond. Rafael. Peste soit des barreaux ! Hé ! rendez-moi ma veste, Mon camarade ! Où donc vous sauvez-vous si preste ? Eh bien, et vos amours — que font-ils ? L’abbé. Eh bien, et vos amours — que font-ils ?Le voilà ! Rafael. On me poursuit, mon cher. — Je vous dirai cela ! Mais rendez-moi l’habit. L’abbé. Mais rendez-moi l’ crie. — On vous appelle ! Têtebleu ! qu’est-ce donc ? Rafael. Têtebleu ! qu’est-ce donc ?Bon ! une bagatelle. Je crois que j’ai tué quelqu’un là-bas. L’abbé. Je crois que j’ai tué quelqu’un ? Rafael. Je vous dirai cela ; mais l’habit seulement. L’abbé. L’habit ? non de par Dieu ! je ne veux pas du vôtre. Les sergents me prendraient pour vous. Rafael. Les sergents me prendraient pour bon apôtre ! Plusieurs gens traversent le théâtre. Attendez. — Donnez-moi ce manteau. — Bon. — Je vais Dire à ces gredins-là deux petits mots. L’abbé. Dire à ces gredins-là deux petits Je n’oserai tuer cet homme. Il s’assoit sur une pierre. Le sergent. Je n’oserai tuer cet ! je cherche Le seigneur Rafael. Rafael. Le seigneur moins qu’il ne se perche Sur quelque cheminée en manière d’oiseau, Qu’il n’entre dans la terre, ou qu’il ne saute à l’eau, Vous l’aurez à coup sûr. Le connaissez-vous ? Le sergent. Vous l’aurez à coup sûr. Le connaissez-vous ?Certe. J’ai son signalement. — C’est une plume verte Avec des bas orange. Rafael. Avec des bas vérité ! — Parbleu ! Vous n’aurez point de peine, et vous jouez beau jeu. Combien vous donne-t-on ? Le sergent. Combien vous donne-t-on ?Hai… Rafael. Combien vous donne-t-on ? Hai…Trouvez-vous qu’en somme, Votre prévôt vous ait assez payé votre homme ? Le bon sire est-il doux ou dur sur les écus ? Le sergent. Mais il n’en mourrait pas pour donner un peu plus. Mais je n’y pense pas. — Le ventre à la besogne, Et non le dos. — Mieux vaut la hart que la vergogne. Et puis, l’homme pendu, nous avons le pourpoint. Rafael. Sans compter les revers, s’il met l’épée au poing. Le sergent. J’ai de bons pistolets. Rafael. J’ai de bons — Et puis ? Le sergent. J’ai de bons — Et puis ?Ma canne De sergent. Rafael. De — Et puis ? Le sergent. De — Et puis ?Ce poignard de Toscane. Rafael. Très-excellent. — Et puis ? Le sergent. Très-excellent. — Et puis ?J’ai cette épée. Rafael. Très-excellent. — Et puis ? J’ai cette puis ? Le sergent. Et puis ! je n’ai plus rien. Rafael, le rossant. Et puis ! je n’ai plus voilà pour tes cris, Et pour tes pistolets. Le sergent. Et pour tes ! aïe ! Rafael. Et pour tes ! aïe !Et pour ta canne, Et pour ton fin poignard en acier de Toscane. Le sergent. Aïe ! aïe ! je suis mort ! Rafael. Aïe ! aïe ! je suis mort !Le seigneur Garuci Est sans doute au logis — On y va par ici. Il le chasse. C’est du don Juan, ceci. Revenant. C’est du don Juan, dis-tu du bonhomme ? Sauvons-nous maintenant. — Moi, je retourne à Rome. L’abbé va à lui, et lui met son poignard dans la gorge. Êtes-vous fou l’abbé ? — L’abbé ! Il tombe. Êtes-vous fou l’abbé ? — L’abbé !Je n’y suis pas. Ah ! malédiction ! Mais tu me le paieras !Il veut se relever. Mon coup de grâce, abbé ! Je suffoque ! Ah ! misère ! Mon coup, mon dernier coup, mon cher abbé. La terre Se roule autour de moi ; — miserere ! — Le ciel Tourne. Ah ! chien d’abbé, va ! par le Père Éternel !… Qu’attends-tu donc là, toi, fantôme, qui demeures Avec ces yeux ouverts ? L’abbé. Avec ces yeux ouverts ?Moi ? j’attends que tu meures. Rafael. Damnation ! Tu vas me laisser là crever Comme un païen, gredin, et ne pas m’achever ! Je ne te ferai rien ; viens m’achever. — Un verre D’eau, pour l’amour de Dieu ! — Tu diras à ma mère Que je donne mes biens à mon bouffon Pippo. Il meurt. L’abbé. Va, ta mort est ma vie, insensé ! Ton tombeau Est le lit nuptial où va ma fiancée S’étendre sous le dais de cette nuit glacée ! Maintenant le hibou tourne autour des falots ; L’esturgeon monstrueux soulève de son dos Le manteau bleu des mers, et regarde en silence Passer l’astre des nuits sur leur miroir immense ; La sorcière, accroupie et murmurant tout bas Des paroles de sang, lave pour les sabbats La jeune fille nue ; Hécate aux trois visages Froisse sa robe blanche aux joncs des marécages. Écoutez. — L’heure sonne ! et par elle est compté Chaque pas que le temps fait vers l’éternité. Va dormir dans la mer, cendre ! et que ta mémoire S’enfonce avec ta vie au cœur de cette eau noire ! Il jette le cadavre dans la mer. Vous, nuages, crevez ! essuyez ce chemin Que le pied, sans glisser, puisse y passer demain. Scène IX Chez la Camargo. La Camargo est à son clavecin, en silence ; on entend frapper à petits coups. Camargo. Entrez. L’abbé entre. Il lui présente son poignard. La Camargo le considère quelque temps, puis se lève. souffert beaucoup ? L’abbé. souffert beaucoup ?Bon ! c’est l’affaire D’un moment. Camargo. D’un dit ? L’abbé. D’un dit ?Il a dit que la terre Tournait. Camargo. ! rien de plus ? L’abbé. ! rien de plus ?Ah ! qu’il donnait son bien À son bouffon Pippo. Camargo. À son bouffon ! rien de plus ? L’abbé. À son bouffon ! rien de plus ?Non, rien. Camargo. Il porte au petit doigt un diamant. De grâce, Allez me le chercher. L’abbé. Allez me le ne le puis. Camargo. Allez me le ne le place Où vous l’avez laissé n’est pas si loin. L’abbé. Où vous l’avez laissé n’est pas si mais Je ne le puis. Camargo. Je ne le tout ce que je promets, Je le tiens. L’abbé. Je le ce soir. Camargo. Je le ce ? L’abbé. Je le ce ?Mais… — Camargo. Je le ce ? Mais… —Misérable ! Tu ne l’as pas tué. L’abbé. Tu ne l’as pas ! que le ciel m’accable Si je ne l’ai pas fait, madame, en vérité ! Camargo. En ce cas, pourquoi non ? L’abbé. En ce cas, pourquoi non ?Ma foi, je l’ai jeté Dans la mer. Camargo. Dans la ! ce soir, dans la mer ? L’abbé. Dans la ! ce soir, dans la mer ?Oui, madame. Camargo. Alors, c’est un malheur pour vous ; — car, sur mon âme, Je voulais cet anneau. L’abbé. Je voulais cet vous me l’aviez dit, Au moins… Camargo. Au moins…Et sur quoi donc t’en croirai-je, maudit ? Sur quel honneur vas-tu me jurer ? Sur laquelle De tes deux mains de sang ? Où la marque en est-elle ? La chose n’est pas sûre, et tu te peux vanter. — Il fallait lui couper la main, et l’apporter. L’abbé. Madame, il faisait nuit… la mer était prochaine… Je l’ai jeté dedans. Camargo. Je l’ai jeté n’en suis pas certaine. L’abbé. Mais, madame, ce fer est chaud, et saigne encor. Camargo. Ni le sang ni le feu ne sont rares. L’abbé. Ni le sang ni le feu ne sont corps N’est pas si loin, madame ; il se peut qu’on se charge… Camargo. La nuit est trop épaisse, et l’Océan trop large. L’abbé. Mais je suis pâle, moi, tenez. Camargo. Mais je suis pâle, moi, cher abbé, L’étais-je pas ce soir, quand j’ai joué Thisbé Dans l’opéra ? L’abbé. Dans l’opéra ?Madame, au nom du ciel ! Camargo. Dans l’opéra ? Madame, au nom du ciel !Peut-être Qu’en y regardant bien vous l’aurez. — Ma fenêtre Donne sur la mer. Elle sort. L’abbé. Donne sur la — elle est partie, ô Dieu ! J’ai tué mon ami, j’ai mérité le feu, J’ai taché mon pourpoint, et l’on me congédie. C’est la moralité de cette comédie. A Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez-n E7 ous S'il fait du soleil à Paris Il en fait part A out A Il a neigé à Port-au-Prince Il pleut encore à Chamo E7 nix On traverse à gué la Garonne Le ciel est plein bleu à Par A is Ma mie l'hiver est à l'env A7 ers Ne t'en retourne pas deh D ors Bm Le monde est en cham E7 aille On gèle au sud, on sue au n A ord A Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez-n E7 ous S'il fait du soleil à Paris Il en fait part A out A La Seine a repris ses vingt berges Malgré les lourdes giboul E7 ées Si j'ai du frimas sur les lèvres C'est que je veille à ses côt A és Ma mie j'ai le coeur à l'env A7 ers Le temps ravive le cerfe D uil Bm Je ne veux pas être tout E7 seul Quand l'hiver tournera de l'o A eil A Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez-n E7 ous S'il fait du soleil à Paris Il en fait part A out A Je rapporte avec mes bagages Un goût qui m'était étran E7 ger Moitié dompté, moitié sauvage C'est l'amour de mon potag A er A Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez-n E7 ous S'il fait du soleil à Paris Il en fait part A out Fais du feu dans la cheminée Je rentre chez m E7 oi Et si l'hiver est trop buté On hiberne A ra Paroles de Je reviens chez nous par Jean-Pierre FerlandIl a neigé à Port-au-Prince Il pleut encore à Chamonix On traverse à gué la GaronneLe ciel est plein bleu à Paris Ma mie l′hiver est à l'envers Ne t′en retourne pas dehors Le monde est en chamaille On gèle au sud, on sue au nord Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez nous S'il fait du soleil à Paris Il en fait partout Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez nous S'il fait du soleil à Paris Il en fait partout La Seine a repris ses vingt berges Malgré les lourdes giboulées Si j′ai du frimas sur les lèvres C′est que je veille à ses côtés Ma mie, j'ai le coeur à l′envers Le temps ravive le cerfeuil Je ne veux pas être tout seul Quand l'hiver tournera de l′oeil Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez nous S'il fait du soleil à Paris Il en fait partout Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez nous S′il fait du soleil à Paris Il en fait partout Je rapporte avec mes bagages Un goût qui m'était étranger Moitié dompté, moitié sauvage C'est l′amour de mon potager Fais du feu dans la cheminée Je reviens chez nous S′il fait du soleil à Paris Il en fait partout Fais du feu dans la cheminée Je rentre chez moi Et si l'hiver est trop buté On hiverneraWriters J. P. Ferland 5 préférésDernières activités Un sermon enflammé"Timothée, garde ce qui t'a été confié, en évitant les discours vides... ." 1 Timothée 6. 20Le pasteur de cette église avait remarqué que l’un de ses paroissiens, jusque là très fidèle et présent à tous les cultes, avait cessé de venir à l’église. N’en sachant pas la raison, il décida de lui rendre visite. Ce soir-là il faisait froid et quand le pasteur entra dans la maison il trouva son paroissien assis devant un feu qui flambait haut et fort dans l’âtre. L’homme invita le pasteur à s’asseoir dans l’autre fauteuil, près du feu, puis attendit en silence le début de son sermon. Pourtant le silence s’établit dans la pièce. Le pasteur contemplait les flammes qui dansaient dans la cheminée, autour des bûches embrasées. Au bout d’un long moment il se pencha pour attraper les pinces accrochées à côté du tisonnier. Puis il retira du feu une morceau de braise incandescente qu’il déposa dans un coin de l’âtre, loin des flammes, avant de se renfoncer dans le fauteuil. Aucun mot n’avait été prononcé entre les deux hommes. Les yeux de chacun étaient rivés sur la braise qui peu à peu s’éteignait. Au bout de quelques minutes elle n’était plus qu’un bout de bois noir et froid. Les deux hommes demeuraient silencieux et immobiles, sans pouvoir détacher leur regard de la cheminée. Puis le pasteur jeta un coup d’œil sur sa montre et décida qu’il était l’heure de partir. Il se leva lentement de son fauteuil, reprit le morceau de braise éteinte avec les pinces et le replaça au milieu du feu qui flambait toujours dans l’âtre. La braise s’enflamma en quelques secondes au contact des bûches incandescentes. Il se dirigea ensuite vers la porte. Son hôte l’accompagna jusqu’au seuil puis, des larmes glissant doucement sur ses joues, lui murmura "Merci pour votre visite, qui m’a fait beaucoup de bien, et merci surtout pour votre sermon... enflammé. Je serai à l’église dimanche prochain." Nous vivons de nos jours dans un monde qui essaye de dire trop avec peu. En conséquence peu de gens prennent la peine d’écouter. Parfois les meilleurs sermons sont ceux qui sont silencieux ! Paul disait à Timothée de s’accrocher à ce qui était important le témoignage de sa foi et d’éviter les longs discours vides de sens qui ne touchent personne. Sa Parole pour vous aujourd’hui est faites en sorte que vos actions soient plus éloquentes que vos paroles !Bob + Application pour mobile 8 août 2021 Dans l’épisode d’aujourd’hui, je t’explique le sens de l’expression “Jeter de l’huile sur le feu” J’attends ton avis sur Facebook clique ici. Ressources évoquées dans l’épisode Télécharge la fiche PDF liée à cet épisode Fais un clic droit sur ce lien pour enregistrer le fichier MP3 Fais un clic droit sur ce lien pour enregistrer le fichier PDF Transcription de l’épisode Salut à tous ! Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast de Français Authentique. Nous allons étudier ensemble une expression française, que tu as peut-être déjà entendue très certainement si tu écoutes beaucoup de français, comme je te conseille de le faire. Il s’agit de l’expression jeter de l’huile sur le feu ». Tu peux entendre cette expression au journal de 20 heures, tu peux la rencontrer dans un journal français ou un roman français. C’est une expression très répandue, très utilisée et forcément très utile pour toi. On va découvrir ensemble, comme d’habitude, le sens des mots qui composent cette expression, le sens de l’expression en elle-même, et bien sûr, quelques exemples avant de passer à la pratique de la prononciation. Tu peux retrouver tout ça, tout ce dont je vais parler aujourd’hui dans la fiche PDF gratuite que je t’invite à télécharger. Elle se trouve, ou le lien se trouve dans la description de cet épisode. Que veut dire jeter » dans jeter de l’huile sur le feu » ? Jeter, ça veut dire envoyer quelque chose à une certaine distance de soi. Tu prends un objet dans ta main, tu mets de la vitesse, tu mets de l’énergie pour bouger ton bras, ta main, et tu lâches l’objet. Ça, c’est jeter. Par exemple, on peut prendre une balle, tu prends une balle de tennis, tu la prends dans ta main, tu fais un mouvement vers l’avant avec ton bras et tu lâches la balle. La balle va partir à une certaine distance de toi. On dit que tu as jeté la balle. Ça, c’est jeter. L’huile », c’est un liquide gras, il en existe beaucoup, et qui ne se mélange pas à l’eau. Si tu mets de l’huile dans de l’eau, les deux liquides, les deux fluides vont rester séparés. Ça peut être l’huile d’origine végétale, ça peut être d’origine animale ou minérale. Il y a de l’huile d’olive, c’est certainement l’huile la plus connue, l’huile de colza, l’huile de noisette, l’huile de noix, etc. Et c’est quelque chose qu’on peut enflammer, qui peut prendre feu. Certaines huiles, si tu y mets le feu, ça va dégager de l’énergie, elles vont prendre feu. Le feu », justement, c’est une combustion qui dégage de la chaleur et de la lumière. Par exemple, si tu mets du bois dans une cheminée avec du journal, des petits morceaux de bois, et que tu allumes tout ça, il va y avoir un feu de cheminée. Si tu es en camping et que tu prends un briquet et tu allumes des branches, tu vas avoir un feu de camp. Donc le feu, c’est la combustion qui fait cette chaleur et cette lumière. On comprend déjà un petit peu au sens propre ce que peut vouloir dire jeter de l’huile sur le feu », puisqu’on sait ce qu’est un feu », on sait que jeter » ça veut dire envoyer loin de soi, et on a dit que l’huile » était souvent inflammable. L’origine de cette expression, ce serait à peu près XVIIe siècle et ça aurait été employé par Madame de Sévigné, très connue dans l’aristocratie française. Le sens est assez visuel. Tu peux imaginer qu’il y a un incendie, qu’il y a du feu, que tu prends de l’huile et que tu jettes de l’huile sur le feu. Donc le feu, il va devenir plus grand. Il y a un petit feu, tu prends de l’huile inflammable, tu la jettes sur le feu, eh bien le feu va devenir plus grand. Ça te donne comme utilisation courante jeter de l’huile sur le feu ». On peut dire parfois mettre de l’huile sur le feu ». Ça veut dire aggraver une situation, créer un problème, souvent de façon volontaire d’ailleurs, inciter à la dispute, puisque le problème est déjà là, la dispute est déjà là, c’est le feu, et toi, tu jettes de l’huile, c’est-à-dire tu jettes des paroles supplémentaires pour rendre la dispute ou le problème encore plus intense, comme un feu serait rendu plus intense, plus grand si on y ajoute de l’huile. On va prendre, comme d’habitude, quelques exemples pour voir comment cette expression est utilisée au quotidien par les francophones. Imagine une discussion entre amis, et là, à un moment, tu en as un qui dit À chaque fois qu’on parle politique, on n’est jamais d’accord. Pas la peine de jeter de l’huile sur le feu et de se lancer dans un nouveau débat ». La personne qui dit ça est sage. Elle dit À chaque fois qu’on parle de politique, on se dispute, on le sait. Le feu est là, le feu c’est notre désaccord en ce qui concerne la politique. Donc, ça ne sert à rien d’en parler, puisque si on en parle, nos mots vont être comme de l’huile sur le feu. Le fait de parler politique ensemble, ça va forcément créer une dispute, un désaccord encore plus profond ». Voilà ce que veut dire cette personne. Un autre exemple, ce serait quelqu’un qui dit Ils sont en train de se disputer. Inutile de jeter de l’huile sur le feu, on devrait les laisser tranquille ». Là encore, tu as deux personnes qui sont en désaccord et qui sont même en train de se disputer, et tu as une troisième personne qui dit Nous, on va les laisser tranquille, on ne va pas intervenir, on ne va pas jeter d’huile sur le feu ». Ça veut dire on ne va pas aggraver la situation, on ne va pas créer des problèmes supplémentaires puisqu’ils ont déjà un problème et l’ambiance est déjà plutôt négative. Dernier exemple, une personne peut dire Elle était déjà de mauvaise humeur, mais le fait que Marie arrive en retard a vraiment jeté de l’huile sur le feu ». Donc là, tu imagines la situation. Encore une fois, tu as une personne qui est un peu de mauvaise humeur, un peu agacée déjà. Donc, il y a déjà une sorte de feu qui est là, même si c’est une image hein. Le feu est là, on sent la tension. En plus de ça, quelqu’un arrive en retard, Marie arrive en retard. Le fait que Marie arrive en retard, c’est de l’huile qui va brûler ou rendre le feu encore plus important, qui va finalement, si on enlève l’image et qu’on prend des termes plus concrets, ça va aggraver la situation, ça va aggraver la mauvaise humeur de cette personne et ça va forcément créer des problèmes, puisque la personne était de mauvaise humeur et qu’on a ajouté de l’huile, ajouté de la négativité à cette mauvaise humeur, donc le feu est devenu plus grand et elle est devenue encore plus de mauvaise humeur, elle est devenue encore plus fâchée, encore plus agacée. Ce que je te propose de faire maintenant, c’est de pratiquer un petit peu ta prononciation, comme d’habitude. Je veux le faire en prenant des phrases vraiment au hasard, différentes personnes, différents temps etc. On y va. Je jette de l’huile sur le feu. Je jette de l’huile sur le feu. Je n’ai pas précisé auparavant, mais il faut bien sûr répéter après moi quand je laisse du blanc, comme dans tous les podcasts de Français Authentique, en copiant vraiment mon intonation. Une autre petite phrase Tu as jeté de l’huile sur le feu. Tu as jeté de l’huile sur le feu. Il va jeter de l’huile sur le feu. Elle jette de l’huile sur le feu. Nous avons jeté de l’huile sur le feu. Vous allez jeter de l’huile sur le feu. Ils jettent de l’huile sur le feu. Elle a jeté de l’huile sur le feu. Très, très bien. Répète cet exercice plusieurs fois. Réécoute peut-être le podcast pour vraiment maîtriser tous les exemples, toutes les explications, et télécharge la fiche PDF gratuite qu’il y a en description de cet épisode. Merci de ta confiance. À très bientôt ! Salut !

fait du feu dans la cheminée paroles