sujet de dissertation sur les caractères de la bruyère
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En1665 paraissent les Maximes de La Rochefoucauld et, en 1670, les Pensées de Pascal. C'est dans cette veine de réflexions brèves, variées et souvent satiriques que s'inscrit La Bruyère lorsqu'il entreprend le projet des Caractères, cette même année 1670 si l'on en croit le témoignage de l'avocat Brillon, son contemporain.La rédaction et la publication des
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LesCaractères 9 Préface 11 De la société et de la conversation 15 Analyse linéaire – Préparation à l’oral, LA DISSERTATION . 203. 6. LA GRAMMAIRE . 209. 1. Les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles . 209. 1. 209Construire la connaissance grammaticale 2. La grammaire pour lire . 211. 3. La grammaire pour s’exprimer . 211. 2. La
Site De Rencontre Au Québec Gratuit. 1La question des âges de la vie successifs fait partie des quelques passages obligés d’une réflexion de moraliste, et se voit régulièrement surdéterminée par les filtres conceptuels de l’anthropologie classique, et en particulier par la théorie des humeurs, qu’on sait baignée d’imaginaire la jeunesse est le temps de la chaleur, de la vivacité du sang, l’âge adulte parvient à un fragile tempérament des différentes composantes chimiques de sa personnalité, et la vieillesse est un refroidissement général du corps, qui préfigure tragiquement l’inertie sans retour du cadavre [1]. La Bruyère, dans le chapitre XI De l’Homme » des Caractères [2], le plus général peut-être, le plus long aussi, et certainement l’un des plus libres et des plus foisonnants, ne manque pas de s’inscrire dans cette tradition littéraire bien attestée – ou, pour mieux dire, dans cette topique –, en livrant ses propres considérations sur les deux âges extrêmes qui délimitent négativement la norme a priori de l’âge adulte, cible privilégiée du volume dans son ensemble. Plusieurs remarques » successives 36 à 47 focalisent ainsi l’attention du lecteur sur la vieillesse, présentée comme une initiation douloureuse à l’inéluctable survenue de la mort beaucoup datent de la cinquième édition, mais s’y intercalent aussi des réflexions plus tardives sixième édition ou plus précoces première édition. 2Suivent immédiatement les remarques consacrées à l’enfance 48 à 59, qui, en revanche, constituent très précisément ce que M. Escola a appelé une série », c’est-à-dire un groupe de textes dont l’unité se fonde non seulement sur des affinités thématiques – critère nécessairement flou et souvent délicat à manier –, mais surtout sur une solidarité de destin » [3], objectivement repérable à l’aide de considérations génétiques. Toutes en effet ont été intégrées à la quatrième édition, en bloc, d’un seul élan ; le groupe a été ensuite maintenu solidaire, sans jamais se voir brisé par l’introduction de remarques externes. À bien y regarder, on constate même que la série génétique, activement construite par le lecteur, excède légèrement le simple rapprochement thématique, saisi dans une lecture plus passive et plus soumise aux apparences immédiates, dans la mesure où les remarques 48 et 49 portent, globalement, sur les trois principaux âges de la vie, constituant ainsi une manière de transition, avant que l’examen ne se fasse plus précis, comme le signale l’anaphore lancinante sur les enfants » 50, 51, 53, 56, 57. L’étude de l’enfant apparaît donc sous la plume de La Bruyère comme une unité compacte, insécable, profondément cohérente il n’y a ici assurément nul arbitraire dans l’agencement concret du texte, mais bien plutôt le signe clair d’une stratégie d’attaque réfléchie et méthodique. Or le discours du moraliste sur ce point a été, curieusement, bien délaissé par la critique, alors même que bon nombre de travaux portent désormais sur l’enfance dans la littérature de l’âge classique [4]. Perçu comme farouchement hostile aux enfants, La Bruyère y fait parfois figure de simple repoussoir permettant de souligner la position supposée plus souple d’autres auteurs ; ainsi, Collinet explique que La Fontaine n’y met pas le maussade acharnement d’un La Bruyère » [5], et selon S. Gadhoum Furetière n’est pas un moraliste tel La Bruyère dont on connaît les diatribes contre les enfants » [6]. À cela, on peut répondre, d’une part, que le discours de La Bruyère sur l’enfance ne se réduit pas à la remarque 50, la seule qui soit volontiers alléguée ; d’autre part, que, à bien y regarder, même cette remarque ne constitue pas une sévère condamnation des enfants, mais bien plutôt des adultes [7]. La célèbre clausule ils sont déjà des hommes » est en effet la mineure d’un enthymème qui laisse entrevoir une majeure cruelle pour l’âge adulte [les hommes sont détestables] ; or les enfants sont des hommes ; donc les enfants sont détestables. La Bruyère inverse simplement l’ordre canonique des propositions, en commençant par la conclusion, pour mieux conduire son lecteur à remonter, par étapes, à la majeure présente dans l’absence. La vraie cible n’est donc pas celle que l’on croit l’enfance n’est jamais que prétexte à porter le coup. LIMITATIONS ET PUISSANCE 3On sait que l’enfant porte une limitation essentielle dans la constitution morphologique originelle de son propre nom in-fans, celui qui ne parle pas encore ». Il y a donc en lui, tel que le perçoit l’imaginaire collectif, une coupure essentielle, presque une castration symbolique il est saisi négativement, en creux pourrait-on dire, non par ce qu’il peut faire mais au contraire par les procès qui lui échappent. L’enfant est, ontologiquement et inévitablement, un actant incomplet, par essence inapte à assumer les prédicats qui fondent la dignité supposée de l’adulte. H. Cazes observe ainsi que l’enfant est l’objet de discours qui ne sont jamais les siens et qu’il ne possède, justement, qu’au sortir de l’enfance » [8]. De là, peut-être, ce malaise verbal que suscite l’enfance, et que tous les commentateurs ont relevé, avec une cohérence parfaite et troublante, dans la littérature du XVIIe siècle. Un rapport problématique au langage paraît induire une difficulté à dire l’enfant, comme s’il était malaisé de parler de celui qui ne parle pas [9] d’une façon générale, pour A. L. Franchetti, c’est l’absence du thème de l’enfance qui marque surtout la littérature de cette époque » [10]. Le discours critique devient collégial et, d’un essai à l’autre, une structure fixe se dégage, qui conduit du constat liminaire de l’apparente rareté de l’enfant dans un genre déterminé au dévoilement de sa présence insoupçonnée [11]. Ainsi, les mémoires sont avares de souvenirs d’enfance » [12] ; pour le théâtre, l’enfant, à première vue, n’y a pas sa place » [13] ; la nouvelle est de prime abord un univers où l’enfant n’a pas sa place » [14] ; jusque dans le conte, ce qui est a priori plus surprenant, en tant que personnage actant, il est le grand absent » [15]. Le constat est unanime il semble qu’il y ait quelque chose d’obstinément indicible dans l’enfant, et que le premier réflexe d’une littérature adulte soit de l’écarter. 4On comprend aussi, dans ces conditions, que cet âge de la vie soit décrit essentiellement sous le régime de la négation il y a là une confirmation stylistique des promesses latentes du mot. Cette malédiction de l’incapacité se décline sous la plume de La Bruyère en un versant strictement morphologique dédaigneux », intempérants », joies immodérées », 50 ; indolence », 55 et en un versant syntaxique il ne se sent pas naître », 48 ; un temps où la raison n’est pas encore », 49 ; n’ont ni passé ni avenir », 51 ; sans une longue expérience », 58. Il faudrait réserver une place particulière à la négation dite exceptive » ou restrictive », qui saisit non l’absence de validation d’un fait, mais la limitation dommageable de son champ d’application l’on ne vit que par instinct » 49, qui ne roule que sur le plaisir » 57. On voit que ce qui est ainsi vertement dénoncé comme contrefactuel et refoulé à regret dans le virtuel, ce sont essentiellement les qualités placées sous le signe de la vertu modération », tempérance » et les procès de perception dénotant la prise de conscience et la lucidité sentir », la raison » . Cette limitation grammaticale trouve son corrélat spatial dans la récurrence de l’adjectif petit », qui semble affecter tout ce qui concerne l’enfant, comme par une manière de contagion métonymique, l’enfermant ainsi dans la regrettable spirale du médiocre, mais lui attribuant aussi, du même élan, un monde idéalement adapté à son échelle très petits sujets » 50, petits jeux » 53, petites lois » 57, petites choses » 58. 5On aurait grand tort de conclure de tout cela à une sévérité particulière de La Bruyère à l’encontre de cet âge de la vie, qui, à tout prendre, se voit sans doute jugé moins durement que les autres. L’adulte n’a pas le regard plus affûté que l’enfant, loin s’en faut il oublie de vivre » 48, ce qui signifie que son existence n’est jamais qu’impalpable virtualité. Les évolutions prévisibles avec l’avancée en âge ne sont nullement des améliorations Ce qu’ils ignorent dans la suite de leur vie, [ils] savent [...] être les arbitres de leur fortune » 53, devenus hommes, ils sont chargés à leur tour de toutes les imperfections dont ils se sont moqués » 54. Grandir, c’est inévitablement se dégrader le seul horizon de la croissance, c’est le pire. Les verbes de progrès ou de transformation se voient ainsi appliqués à des référents moralement répréhensibles un enchaînement de passions qui se succèdent les unes aux autres » 49, croissent les passions et les vices » 52. C’est une mécanique impersonnelle et irrépressible d’engendrement du vice qui se dévoile ici. La remarque 49 nivelle de même par le bas la succession faussement ascendante des âges de la vie en définitive jamais la vertu ne s’impose. Le premier temps » en effet est incomplet de manière constitutive puisque, la raison n’est pas encore » ; le second, où elle apparaît, n’offre pour autant aucun progrès réel, puisque son action est évoquée au moyen d’un système hypothétique à l’irréel qui en fait une simple vue de l’esprit, démentie par les faits la raison [...] pourrait agir, si elle n’était pas obscurcie et comme éteinte par les vices de la complexion » ; enfin, le troisième maintient la virtualisation par l’emploi du conditionnel, qui suspend la valeur de vérité du procès la raison [...] devrait produire ; mais elle est refroidie et ralentie » . Tels sont les trois états, aux effets rigoureusement similaires, de la raison humaine inexistante, inopérante, impuissante [16]. D’un âge au suivant, la vie morale est placée sous le signe monochrome de l’échec. 6On le conçoit quand une comparaison est conduite entre les deux bornes extrêmes de la vie humaine, elle est nettement à l’avantage de l’enfant, puisqu’elle souligne une possession précoce par le contraste avec une privation irrrévocable, en opposant deux formes, positive et négative, du même verbe Les enfants ont déjà de leur âme l’imagination et la mémoire, c’est-à-dire ce que les vieillards n’ont plus » 53. L’adverbe déjà », qui atteste une accélération sensible du rythme du temps, selon laquelle les promesses du devenir sont presque acquises d’emblée, apparaît également dans la remarque 50, faisant de l’enfant un être pleinement accompli avant l’heure, c’est-à-dire, aux yeux de La Bruyère, pleinement méprisable, le vice s’avérant autrement précoce que la vertu, loin des mirages complaisants de l’idéalisme rétrospectif Ils sont déjà des hommes ». Plus généralement, il y a chez les enfants une forme de lucidité morale paradoxale et spontanée, qui se perd ensuite inéluctablement ils voient plus et mieux que les hommes, ne semblent guère sujets à l’erreur d’appréciation, et font preuve en toutes choses d’un discernement natif, instinctif, à la fois fruste encore et efficace déjà. La Bruyère note ainsi qu’ils savent précisément et mieux que personne ce qu’ils méritent » 59, et qu’il n’y a nuls vices extérieurs et nuls défauts du corps » qui leur échappent et qu’ils ne saisissent d’une première vue » 54. 7Mais, plus encore que sur la justesse du regard, la puissance réelle de l’enfant réside selon le moraliste dans la mémoire », qui ravive aux yeux de l’esprit l’expérience passée, et dans l’ imagination », qui ouvre de délectables possibles à l’avenir rêvé 53. C’est par le jeu de ces deux facultés, complémentaires par leurs orientations respectives, que l’enfant rend merveilleux » son univers, faisant surgir des référents les plus triviaux une féerie inattendue et euphorique. En ce sens, l’enfant dément radicalement l’étymologie de son nom, conduisant une révolte anticratylique du référent concret contre le signifié construit abstraitement par la langue s’il est originellement censé être le contraire absolu de la fée, cet être de parole » [17] qui tire sa puissance magique de sa maîtrise d’un verbe pleinement performatif, il semble bien au contraire s’en approprier pleinement les pouvoirs évocateurs. Le moraliste dissimule mal en effet sa fascination pour les conventions préludiques », généralement formulées à l’imparfait ou au conditionnel, qui balisent l’espace imaginaire du jeu et transfigurent la petitesse du réel pour construire un rêve de grandeur, certes ontologiquement illusoire, mais subjectivement charmant [C’est par l’imagination et la mémoire] qu’ils se trouvent à un grand festin, et y font bonne chère ; qu’ils se transportent dans des palais et dans des lieux enchantés ; que, bien que seuls, ils se voient un riche équipage et un grand cortège ; qu’ils conduisent des armées, livrent bataille, et jouissent du plaisir de la victoire ; qu’ils parlent aux rois et aux plus grands princes ; qu’ils sont rois eux-mêmes, ont des sujets, possèdent des trésors, qu’ils peuvent faire de feuilles d’arbres ou de grains de sable [...]. 8Il y a donc chez La Bruyère, à l’égard de l’enfance, un mélange confus – peut-être contradictoire – de critique et d’attrait, de rejet et d’adhésion. Malgré ses tares – qui ne lui appartiennent pas en propre, mais qu’elle emprunte à d’autres âges –, l’enfance le charme ou l’amuse. Il n’y a en lui ni idéalisme ni insensibilité plutôt quelque distance intriguée. Tels qu’il les voit, les enfants atteignent par leur seul usage de la parole préludique une forme prodigieuse d’ubiquité ils se transportent dans des palais et dans des lieux enchantés » , ignorent superbement le principe, toujours contraignant aux yeux de l’adulte, de non-contradiction bien que seuls, ils se voient un riche équipage » , et transgressent avec une aisance déconcertante les écarts chronologiques et sociaux les plus prononcés ils sont rois eux-mêmes » . Le tiroir du présent, en modalité assertive, véhicule un présupposé de vérité des procès [18] ce sont, semble-t-il, des faits authentiques qui sont relevés, en un constat froidement descriptif, comme si l’écrivain lui-même faisait siennes les rêveries infantiles. La récurrence obsessionnelle de l’adjectif grand » atteste qu’au fond l’enfant ne s’accepte pas comme tel, et qu’il n’aspire qu’à se nier lui-même en devenant adulte, il est vrai ; mais il a du moins le courage de s’investir totalement dans ses fantasmes. Ce bovarysme avant l’heure, nourri aux contes merveilleux et aux récits épiques, n’est pas dénoncé pour sa vanité intrinsèque, n’en doutons pas il faut lire bien plutôt ici le regret d’une euphorie perdue, avant que les pressions implacables du principe de réalité ne viennent restreindre définitivement le champ du vécu aux évidences sordides du hic et nunc. L’enfant vit dans la fiction et le sait [19] ; l’adulte, tel que le présentent souvent Les Caractères, se berce tout aussi volontiers d’imaginaire, mais sans en avoir une claire conscience. ÉTRANGETÉ ET FAMILIARITÉ 9Ces quelques remarques sur les enfants ont une généralité et une abstraction qui peuvent surprendre de la part d’un maître du détail saisi sur le vif. Nul portrait individuel ici, nulle figure nettement identifiée, nulle fiction de personnage, pas davantage de dialogue, d’interpellation directe, de prise à partie l’enfant n’est saisi que de loin, à la troisième personne et au pluriel, en une masse collective et indifférenciée, comme un être à ce point étrange que toute empathie virtuelle est bloquée. Il est vrai que le volume est écrit par un adulte pour les adultes la scène d’énonciation impose originellement à l’enfant un simple rôle de thème délocuté [20]. Mais il y a plus B. Roukhomovsky, étudiant la topique, assurément centrale dans le volume, du monstre de foire, estime qu’on n’a pas suffisamment pris la mesure [...] de la part de l’étrange dans l’esthétique de La Bruyère » [21], et il semble que l’enfant soit l’un des lieux de plus forte condensation de cette inflexion générale. C’est un être proche encore des animaux » [22] 49 et pourtant manifestement contre nature, au sens où convergent en lui des postulations a priori inconciliables, cette coincidentia oppositorum, moralement et logiquement scandaleuse, construisant une manière d’oxymore biologiquement incarné. Mais – et c’est là toute la cruauté narquoise de la leçon du moraliste –, loin que cette étrangeté distingue nettement l’enfant de l’adulte, elle paraît constituer le point de rencontre le plus sûr entre ces deux âges. L’enfant, par son éloignement intrinsèque, est un poste d’observation privilégié des faiblesses de l’adulte, qu’une trop grande proximité nous empêche de saisir directement ; c’est un dispositif optique stratégiquement agencé et savamment paradoxal, où l’apparent détour n’est jamais qu’un retour plus retors [23]. 10Ainsi, l’enfant est bifrons au même titre que l’adulte, mais ce caractère est plus accusé, plus immédiatement visible, chez lui. Les mêmes êtres qui, en général, font preuve de paresse », d’ indolence » et d’ oisiveté » se révèlent dans le cadre du jeu, c’est-à-dire de l’activité par nature la moins cruciale, vifs, appliqués, exacts, amoureux des règles et de la symétrie », ce qui atteste clairement que, devenus adultes, ils pourront un jour négliger leurs devoirs, mais qu’ils n’oublieront rien pour leurs plaisirs » 55. Le chiasme enregistre ici le désordre du réel c’est proprement un monde à l’envers qui est promis aux enfants ; et la connotation de certitude indubitable véhiculée par le futur évacue d’emblée tout espace de latitude dans ce devenir objectivement imposé par la nature des choses. Le même procédé se manifeste dans la remarque 50, la plus célèbre assurément, et la plus habile probablement, de la série Les enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés ; ils rient et pleurent facilement ; ils ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets ; ils ne veulent point souffrir de mal, et aiment à en faire ils sont déjà des hommes. 11Le lecteur est naturellement enclin à juger avec la plus grande sévérité ce monstre odieux qu’on lui présente, jusqu’à ce qu’il comprenne que c’est de lui-même qu’il s’agit. Les prédicats attributifs initiaux, si complaisamment accumulés par le moraliste, et dont l’orientation péjorative semble accusée encore par le jeu lancinant de cette homophonie finale que la rhétorique appelle homéotéleute » [24], constituent une charge en règle, dont la chute saisissante et inattendue – ce que J. Hellegouarc’h nomme, d’une formule hautement suggestive, l’ effet de guillotine » [25] – préserve l’efficacité mais détourne la visée. Tout ce qui semblait devoir éloigner l’enfant de l’adulte signe en définitive leur identité insoupçonnée, dont le principe, révélé dans un second temps par les prédicats verbaux, est la jonction étonnante d’éléments diamétralement opposés, que souligne la valeur discrètement adversative de la conjonction et » [26], expression ténue d’une incapacité radicale de la raison et de la conscience morale à embrasser conjointement l’euphorie et la dysphorie, ou la crainte de souffrir et le goût de nuire. Lieu du contraste qualitatif, l’enfant est aussi celui de la disproportion quantitative, comme l’atteste la disjonction sensible entre une cause intrinsèquement dérisoire de très petits sujets » et les conséquences démesurées qu’elle entraîne des joies immodérées et des afflictions amères » . L’enfant est certes proprement absurde, c’est un véritable monstre logique, nous dit le moraliste, mais vous auriez grand tort de vous croire différents de lui ce ils » anonyme est en somme un vous » déguisé, selon une manière d’énallage de personne subreptice, qui donne de la vigueur au coup porté sous couvert de le dévier. 12Le rapport de l’enfant à l’adulte, on l’aura compris, relève d’une dialectique incertaine du même et de l’autre [27]. L’étrangeté constitutive de l’enfant, c’est aussi l’ambiguïté foncière de tout reflet, cette image à la fois objectivement semblable et irréductiblement différente. D’une part, les différences avec l’âge adulte sont accusées, en particulier un rapport au temps spécifique. Pour l’enfant, en effet, le présent existe bel et bien, le hic et nunc est même sa seule réalité, tandis que l’adulte flotte constamment hors du temps, inapte à saisir l’instant présent et définitivement condamné à l’insatisfaction Les enfants n’ont ni passé ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent. 51 13L’inadéquation, le décalage, le porte-à-faux sont le sort commun des adultes, au sein desquels La Bruyère prend soin de se ranger lui-même nous » leur vie leur échappe. De fait, les personnages du moraliste, on le sait, sont souvent foncièrement anachroniques, au sens où ils semblent détachés des exigences immédiates du contexte situationnel, à l’image d’un Ménalque XI, 7 dont les répliques et les agissements sont systématiquement inadaptés aux circonstances, et qui vit dans le présent un autre temps, ou encore [qui] vit un autre temps au présent » [28], voire d’un Hermagoras V, 74 qui se réfugie définitivement dans une érudition ludique et imaginaire par mépris pour le réel contingent. 14D’autre part, en parallèle, le moraliste ne cesse de renvoyer dos à dos l’adulte et l’enfant, en décelant dans celui-ci l’image grossière – proprement la caricature – de celui-là au fond, mêmes faiblesses, mêmes fautes, mêmes obsessions [29]. Les enfants offrent par exemple un saisissant concentré, sur un tempo simplement accéléré, des fluctuations du régime politique ou de la vie sociale Les enfants commencent entre eux par l’état populaire, chacun y est le maître ; et ce qui est bien naturel, ils ne s’en accommodent pas longtemps, et passent au monarchique. Quelqu’un se distingue, ou par une plus grande vivacité, ou par une meilleure disposition du corps, ou par une connaissance plus exacte des jeux différents et des petites lois qui les composent ; les autres lui défèrent, et il se forme alors un gouvernement absolu qui ne roule que sur le plaisir. 57 15La société des enfants est proprement le modèle réduit de celle des adultes ses proportions sont plus modestes, mais une étroite homologie de structure l’unit à son aînée. Le présent gnomique, qui pose la vérité contraignante et intemporelle des propositions, enregistre formellement une manière de fatalité de la reproduction le monde des adultes, avec ses faiblesses et ses mesquineries intrinsèques, est le seul devenir envisageable pour son corrélat enfantin, et le parcours suivi, apparemment aléatoire, est en réalité étroitement balisé. Dans le monde imaginaire des Caractères, où règnent le travestissement et l’imitation [30], les enfants s’approprient spontanément les comportements adultes, et ce faisant en exposent le ridicule latent, tel un miroir prétendument déformant que nous tendrait le moraliste en riant d’eux, nous rions de nous. 16La Bruyère a donc soin de multiplier les vecteurs d’assimilation entre ces deux classes de référents indûment distinguées et hiérarchisées par la doxa la fonction attribut ils sont déjà des hommes », 50, les métaphores de la mascarade ils contrefont ce qu’ils ont vu faire », 53 ou des augures présages certains », 55, ou l’adjectif indéfini de l’identité par la même raison », 56. Il joue également sur le sens des mots, avec une grande finesse dans la cruauté Aux enfants tout paraît grand, les cours, les jardins, les édifices, les meubles, les hommes, les animaux ; aux hommes les choses du monde paraissent ainsi, et j’ose dire par la même raison, parce qu’ils sont petits. 56 17De même que dans le portrait d’Arsène I, 24 [31], effrayé de [la] petitesse » de ses semblables parce qu’il croit pouvoir prendre de la hauteur, l’illusion d’optique, qui se manifeste par une pure distorsion quantitative, est ici liée à une inadéquation fondamentale du point de vue adopté le sens de la déformation visuelle s’inverse mais son principe demeure identique, car la grandeur » feinte dépend davantage du sujet percevant que de l’objet perçu. Mais La Bruyère, par la technique du parallèle, place à dessein sur le même plan deux réalités bien distinctes l’adjectif petits », appliqué conjointement aux enfants et aux adultes, n’a pas la même signification dans les deux cas, il est donc le lieu de ce que la rhétorique appelle une syllepse ». Petits, les enfants le sont au sens propre, matériel, objectivement volumétrique et par là moralement anodin. Si les adultes le sont aussi, à leur manière, c’est, figurément, par la mesquinerie, la bassesse et la trivialité de leurs inclinations. Le passage par l’enfant n’est donc pas autre chose, pour La Bruyère, qu’un accès stratégique à sa cible réelle en quelque sorte, l’Autre revient au Même » [32]. Il est troublant de relever à cet égard que l’adverbe déjà », dont nous parlions plus haut, a en commun avec son antonyme pas encore » la raison n’est pas encore », 49 de saisir l’enfant non en lui-même, mais en référence implicite à un point de repère fixe, au regard duquel tout s’organise, et qui est l’âge adulte l’enfant se définit négativement par opposition avec son devenir, comme si, à la limite, il n’avait pas à proprement parler de réalité intrinsèque et n’était que le terme abstrait d’une relation [33]. 18Ce contrepoint permanent, cette saisie spéculaire, atteste que l’enfant ne vaut pas pour lui-même, qu’il n’est abordé que de biais et pour ainsi dire en creux c’est une utilité morale, c’est une stratégie de dénonciation, c’est une ruse qui feint d’éloigner le regard critique pour mieux le focaliser sur la sphère immédiate. La réflexion sur les âges de la vie conduit ainsi étrangement à l’abolition des différences, et presque du temps au fond, pour La Bruyère, l’homme est toujours semblable à lui-même, et demeure le lieu permanent du pire. En définitive, ce qu’évacue ce long discours sur l’enfant, c’est contre toute attente, semble-t-il, l’enfant lui-même... Notes [1] Pour une synthèse générale sur cette question, voir P. Ariès, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime [1960], rééd. Paris, Le Seuil, coll. Points Histoire », 1973, p. 29-52. Pour un exemple d’application à la littérature morale, voir É. Tourrette, Le moraliste et le vieillard », dans A. Montandon dir., Écrire le vieillir, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2005, p. 59-69. [2] Nous citons d’après l’édition de P. Soler, dans Moralistes du XVIIe siècle, sous la direction de J. Lafond, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins », 1992. [3] M. Escola, La Bruyère, Paris, Champion, 2001, t. 2, p. 55 ; souligné par l’auteur. [4] Voir A. Mansau dir., Enfance et littérature au XVIIe siècle, Littératures classiques no 14, janvier 1991 ; A. Defrance, D. Lopez et Ruggiu dir., Regards sur l’enfance au XVIIe siècle, Tübingen, Gunter Narr, coll. Biblio 17 », no 172, 2007 ; H. Cazes dir., Histoires d’enfants. Représentations et discours de l’enfance sous l’Ancien Régime, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. République des Lettres / Symposiums », 2008. [5] Collinet, La Fontaine et l’enfance », Enfance et littérature au XVIIe siècle, op. cit., p. 133. [6] S. Gadhoum, L’enfant dans la société classique une promenade édifiante dans le Dictionnaire d’Antoine Furetière », Regards sur l’enfance au XVIIe siècle, op. cit., p. 292. [7] Nous rejoignons sur ce point Ganna Ottevaere-Van Praag, qui décrit la version réduite d’une humanité déjà infirme cf. La Bruyère pour qui l’enfant naît vieux » À l’aube de la littérature enfantine Formes narratives de la mise en garde à l’usage des jeunes », Enfance et littérature au XVIIe siècle, op. cit., p. 107. Lucie Desjardins note, de même Un parallèle encore plus suivi, mais peut-être aussi plus cynique, chez La Bruyère qui, dans une sorte de renversement, constate que les enfants ont déjà tous les défauts de l’adulte » Les caractères des enfants entre médecine, morale et portrait », Histoires d’enfants, op. cit., p. 51. [8] H. Cazes, Miroirs de l’enfance », Histoires d’enfants, op. cit., p. XIII. Nos propres analyses recoupent sur de nombreux points celles d’Hélène Cazes, dont nous n’avions pas connaissance lors de la rédaction de la première version de cet article. [9] Rappelons toutefois que Philippe Ariès propose d’autres explications de ce phénomène. Selon lui, une forte mortalité infantile explique un sentiment d’indifférence à l’égard d’une enfance trop fragile, où le déchet est trop grand » op. cit., p. 61 il y aurait là une distance sécurisante, destinée à parer à l’avance aux probables souffrances à venir. Peut-être aussi est-ce la trace d’une indistinction plus ancienne des âges de la vie. Observant qu’au Moyen Âge les enfants portaient des vêtements semblables à ceux des adultes, hormis pour la taille, Philippe Ariès ajoute en effet que le costume prouve combien, dans la réalité des mœurs, l’enfance était alors peu particularisée » p. 75. Comment parler de ce qui n’est pas clairement perçu dans sa spécificité ? [10] A. L. Franchetti, L’enfant dans l’art présences et absences », Enfance et littérature au XVIIe siècle, op. cit., p. 23. Hélène Cazes note de même que le discours sur l’enfance paraît exceptionnel » art. cité, p. XIII. La position de Jean-Pierre Van Elslande est plus nuancée Les enfants abondent dans la littérature des XVIe et XVIIe siècles, mais ils s’y trouvent dispersés » Imiter et désobéir les enfants dans la littérature pré-moderne, XVIe-XVIIe siècles », Regards sur l’enfance au XVIIe siècle, op. cit., p. 46. [11] Une étude de Patricia Gauthier fait curieusement exception Un premier constat s’impose les enfants sont bien présents dans les récits utopiques » L’enfant vu par les utopistes du règne de Louis XIV », Regards sur l’enfance au XVIIe siècle, op. cit., p. 295. [12] Fr. Charbonneau, “Les petites choses de mon enfance” ou l’élaboration d’une écriture de l’âge tendre dans trois mémoires d’Ancien Régime », Histoires d’enfants, op. cit., p. 249. Cf. A. L. Franchetti On chercherait en vain chez les mémorialistes qui, à cette époque, ne relatent que les faits d’intérêt public » art. cité, p. 24 ; Patrizia Oppici Les biographies et les autobiographies de l’époque, qui, on le sait, n’accordent généralement pas beaucoup d’importance à la période enfantine » L’enfant-modèle et le modèle de l’enfance dans la littérature religieuse du XVIIe siècle », Enfance et littérature au XVIIe siècle, op. cit., p. 204. [13] J. Émelina, L’enfant dans le théâtre du XVIIe siècle », Enfance et littérature au XVIIe siècle, op. cit., p. 79. Cf. R. Garrette On ne se soucie guère d’exhiber des enfants sur le théâtre » Joas âge et langage de l’enfant racinien », ibid., p. 67. [14] Fr. Gevrey, L’enfance du héros dans la nouvelle classique », ibid., p. 151. [15] A. Defrance, L’enfant dans le conte de fées littéraire 1690-1715 », Regards sur l’enfance au XVIIe siècle, op. cit., p. 265. [16] Cf. ce que Renée-Claude Breitenstein note au sujet de Rabelais Il y a – et là réside toute la différence – une animalité de l’enfance, qui est absence de raison, et une animalité de l’âge adulte, qui est déraison » De Gargantua à Eudémon la parole enfantine chez Rabelais », Histoires d’enfants, op. cit., p. 188. [17] Saint-Gérand, Morales du style, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1993, p. 150. [18] Selon John R. Searle, par exemple, asserter, affirmer, dire que p, revient à exprimer la croyance que p » Les actes de langage, Paris, Hermann, 1972, p. 107 ; souligné par l’auteur. [19] Certes passionné, le jeu n’en reste pas moins pleinement conscient, et ne saurait être assimilé à une forme de schizophrénie les remarques 55 et 57 signalent sans ambiguïté l’importance des règles » ou des lois » pour les enfants. [20] Nous rejoignons ici Hélène Cazes, qui observe que l’enfant semble n’être perceptible que dans les conceptions qu’en forme autrui » art. cité, p. XIII. [21] B. Roukhomovsky, Les Caractères » de La Bruyère ou la cérémonie burlesque. Du théâtre du monde au monde à la renverse, thèse, Université de Paris X, 1997, p. 44 ; souligné par l’auteur. [22] L’animalité supposée de l’enfant est un topos abondamment sollicité, dans les textes de l’âge classique comme dans les gloses des commentateurs. Pour Philippe Ariès, par exemple, on s’amusait avec lui comme avec un animal, un petit singe impudique » op. cit., p. 6. L’originalité de La Bruyère réside peut-être en ceci que loin de creuser l’écart, comme chez d’autres auteurs, entre l’enfant et l’adulte, chez lui l’animalité tendrait plutôt à l’annuler elle n’est que la forme ponctuelle d’un état structurellement permanent. [23] Emmanuel Bury a montré dans son édition des Caractères Paris, Le Livre de poche, 1995, p. 28 que pour La Bruyère tout est [...] une question d’optique ». Plus généralement, la question de l’optique des moralistes est au cœur des débats critiques actuels. Voir B. Roukhomovsky dir., L’optique des moralistes de Montaigne à Chamfort. Actes du Colloque international de Grenoble, Université Stendhal, mars 2003, Paris, Champion, 2005. [24] On relève d’une part un écho entre intéressés » et dissimulés », d’autre part la longue série dédaigneux », envieux », curieux », paresseux » et menteurs ». Ce dernier mot est en effet couramment prononcé au XVIIe siècle sans [R] et avec une voyelle fermée, d’où le féminin menteuse » voir É. et J. Bourciez, Phonétique française. Étude historique, Paris, Klincksieck, 1978, p. 184. À défaut du timbre, la seule nasalité permet par ailleurs de rapprocher les voyelles finales respectives de hautains » et intempérants ». Ces récurrences phoniques soulignent sensiblement l’effet de liste et dressent, par la seule pression du microsystème, le fantasme d’un suffixe -eux homogène et intrinsèquement péjoratif, tout en suggérant peut-être discrètement une incapacité à évoluer, à progresser dans la bonne voie. [25] J. Hellegouarc’h, La phrase dans Les Caractères de La Bruyère. Schémas et effets, Paris, Champion, 1975, passim, notamment p. 310, où la métaphore est filée ton tranchant », brusquement », tomber brutalement ». [26] Sur le rôle central, trop longtemps méconnu, des conjonctions de coordination dans la pratique stylistique de La Bruyère, voir C. Badiou-Monferran, Les conjonctions de coordination ou l’art de lier ses pensées » chez La Bruyère, Paris, Champion, 2000. [27] Sur ce point encore, nous rejoignons Hélène Cazes Participant à la fois de l’Autre et du Même, la figure de l’enfant est bien souvent le détour qu’empruntent la pensée de soi et la formulation de la norme » art. cité, p. XVIII. [28] G. Romeyer-Dherbey, Temps et contretemps chez La Bruyère », Revue d’histoire littéraire de la France, mai-juin 1984, p. 367. Claire Badiou-Monferran parvient à des conclusions voisines Ménalque [...] serait véritablement honnête homme si son argumentation n’était pas contextuellement déviante » op. cit., p. 464. Rappelons aussi que l’un des meilleurs imitateurs de La Bruyère, l’abbé Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde, consacre un chapitre entier à la question Des Contretems » dans ses Reflexions sur le ridicule, et sur les moyens de l’eviter 2e éd., Paris, Jean Guignard, 1697, p. 370-398. [29] En d’autres termes, les remarques de La Bruyère ont quelque chose d’inévitablement déceptif dans la mesure où elles refusent de dégager ces différences qui naissent de l’âge » Lucie Desjardins, art. cité, p. 53-54. Le caractère de l’enfance, s’il existe, ne retient guère l’attention de La Bruyère, pour qui l’homme croupit dans le même. Sur ce point, le moraliste est plutôt en recul sur son temps il est peu réceptif à ce que Philippe Ariès appelle le sentiment de l’enfance », c’est-à-dire une conscience de la particularité enfantine, cette particularité qui distingue essentiellement l’enfant de l’adulte même jeune » op. cit., p. 177. La Bruyère propose en somme l’équivalent moral de l’identité physique que décelait l’ancienne mentalité Philippe Ariès rappelle en effet que l’art médiéval représentait l’enfant comme un homme réduit, à petite échelle » p. 12, qu’il y a là un refus d’accepter dans l’art la morphologie enfantine » p. 54, et qu’à la limite l’enfant est un nain, mais un nain qui était assuré de ne pas rester nain » p. 12. La critique a abondamment relayé et commenté ce fantasme de l’adulte en miniature. [30] Par exemple, Paris est le singe de la Cour » VII, 15, et les courtisans eux-mêmes sont les singes de la royauté » VIII, 12. Cf. ce que dit Philippe Ariès de l’esprit d’émulation des enfants qui les pousse à imiter les procédés des adultes, en les réduisant à leur échelle » op. cit., p. 97. [31] Cette remarque date également de la quatrième édition. [32] G. Genette, L’univers réversible », Figures I, Paris, Le Seuil, coll. Points Essais », 1966, p. 20 ; souligné par l’auteur. [33] Nous rejoignons une nouvelle fois Hélène Cazes Définie en creux, toujours en relation avec l’autre que constituent l’adulte, le parent, le maître, le médecin, le fidèle, l’enfance est à la fois universelle et étrangère » art. cité, p. XXI.
Commentaire composé en deux parties. Dernière mise à jour 11/03/2022 • Proposé par meiistertzheimaana élève Texte étudié Giton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes, l’oeil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance ; il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit. Il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut. Il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie. Il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre. Il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche tous se règlent sur lui. Il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler ; on est de son avis, on croit les nouvelles qu’il débite. S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit du talent et de l’esprit. Il est riche. La Bruyère, Les Caractères Avec Les Caractères 1688-1696, Jean de La Bruyère tend à la haute société un miroir satirique dépeignant ses vices amour-propre, hypocrisie, fausseté, ambition personnelle. Il y aspire à corriger les mœurs par ses maximes et ses portraits plaisants et mondains. Les Caractères s’inscrit en cela dans le mouvement du classicisme qui vise à plaire et instruire. Giton » VI, 83 est un des portraits de la sixième partie, Des Biens de Fortune » dans laquelle le satiriste dénonce le pouvoir de l’argent. Giton est à ce titre l’allégorie des fortunés se donnant tous les droits sur les autres. Problématique Comment le portrait satirique de Giton dénonce-t-il la supériorité de l’argent sur la vertu dans la société ? I. Le portrait d'un homme riche a La description physique de Giton Tout d'abord, le moraliste décrit physiquement le personnage de ton, homme riche. Le portrait se concentre essentiellement sur le visage mais nous avons aussi quelques détails sur l'ensemble du corps. En effet, on peut relever au début de l'extrait la forte présence d'adjectifs qualificatifs avec l'énumération des groupes nominaux suivants le teint tais, le visage plein et les joues pendantes » Nous avons aussi quelques détails sur l'ensemble du corps avec l'accumulation des lignes 1 et 2 l'œil fixe et assuré, les épaules larges, l'estomac haut ». Ainsi, le visage joutilu est un indice incontestable de la richesse, de la position sociale confortable de Giton. Son regard et sa posture montrent sa fierté, son contentement; la description physique chez La Bruyère révèle en même temps un caractère. b L'attitude oisive d'un riche Ensuite, les occupations de l'homme riche sont également décrites. On constate notamment l'absence d'activité laborieuse. Par exemple, la répétition du groupe verbal il dort » aux lignes 4 et 5 dans le passage Il dort le jour, il dort la nuit et profondément, il ronfle en compagnie» insiste sur le sommeil très présent, même pendant la journée. L'adverbe profondément » et le verbe ronfle » amplifient la tonalité ironique de la phrase pour souligner le contentement, la quiétude de Giton. L'expression finale de cette description avec le présent de vérité générale Il est riche » souligne la suffisance du statut et donc l'absence de nécessité de travailler. Par conséquent, Giton correspond au portrait typique du bourgeois riche et oisif. II. Le caractère de Giton a Giton, un homme vaniteux En premier lieu, on peut s'apercevoir que Giton est un homme particulièrement prétentieux, vaniteux. Dans les échanges et conversations, il s'illustre par la confiance», il ne goûte que médiocrement tout ce qu' [on] lui dit», L'adverbe médiocrement » montre qu'il porte peu d'attention pour la parole d'autrui, ce qui est un signe absolu de prétention. Sa posture est en outre présomptueuse avec son regard assuré » et son front qu'il découvre par fierté » ou audace », et 12. A la fin de l'extrait, l'adjectif présomptueux » est d'ailleurs présent dans l'accumulation de la ligne 12 et l'emploi du verbe croire » avec le pronom réfléchi dans l'expression il se croit des talents et de l'esprit» permet de comprendre ce défaut de la vanité. La vanité est précisément la prétention de posséder des qualités qui sont, en réalité, inexistantes. b Giton, le contraire de l' honnête homme » En second lieu, le portrait de Giton permet au moraliste La Bruyère de décrire le contraire de l'honnête homme. La prétention, la vanité, déjà évoquées, sont les caractéristiques qui s'opposent le plus aux aptitudes de l'honnête homme. De même, la posture de Giton n'est pas de bon goût, les hyperboles sont nombreuses pour qualifier son manque de tenue il se mouche avec grand bruit; il crache fort loin, et il éternue fort haut. », 1. 4. On peut constater qu'il crache, éternue et rit avec un grand manque de discrétion Il est enjoué, grand rieur». Les adjectifs et les adverbes cités précédemment indiquent qu'il est excessivement démonstratif, qu'il a besoin de se faire remarquer. Aussi, l'accumulation de ces adjectifs impatient, présomptueux, colère» prouvent sa difficulté pour tempérer ses émotions. La mesure, la tempérance sont pourtant des vertus de l' honnête homme» ; Giton est bel et bien à l'opposé de cet idéal classique. Conclusion Nous avons montré comment le portrait satirique de Giton, d'un homme riche et prétentieux, dénonce la supériorité de l’argent sur la vertu dans la société. Giton a en effet de nombreux vices, aux antipodes de l'honnête homme, et n'a pas besoin de travailler pour progresser socialement. Le satiriste dénonce la puissance croissante de l’argent, qui bouscule les principes d’une société d’ordre censée être régie par le mérite aristocratique. Ce portrait est par ailleurs suivi du Phédon », l’homme pauvre, ce qui permet de mettre en avant le contraste dans une société où l’argent dicte le destin des individus.
La première édition 1688 avait pour titre Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les caractères ou les mœurs de ce siècle ». L’ouvrage demeura anonyme, et même jusqu’à sa dernière et neuvième édition posthume. Et l’édition qu’on a en main la huitième, alors qu’elle comprenait le Discours à l’Académie, et sa préface était aussi anonyme - Les Caractères traduits du grec précédés du discours sur Théophraste - Les Caractères ou les mœurs de ce siècle, avec une préface et une série de 16 chapitres dont le nombre est resté inchangé au cours des éditions successives, tantôt décrits comme une succession indifférente », sans beaucoup de méthode, tantôt au contraire, comme une suite agencée selon une composition précise on avait reproché à La Bruyère d’écrire sans composition — cf. sa préface au Discours de l’Académie il y a 16 chapitres, dont les 15 premiers découvrent le faux et le ridicule qui se rencontrent dans les objets des passions humaines… et ne tendent qu’à ruiner tous les obstacles » qui mènent à Dieu il s’agit là d’un projet chrétien bien affirmé cf. Même plan dans les sermons de Bossuet. C’est la première question que pose ce livre ordre ou désordre ? En tout cas ce fut le livre de toute une vie les éditions se suivent et les remarques ne cessent d’augmenter la première édition 1688 comprend 420 remarques, en général concises, et obéissant à de nombreux lieux communs. Le succès fut extraordinaire, ce qui explique le nombre d’éditions qui se succèdent rapidement. La quatrième édition 1689 comprend non plus des remarques mais 764 caractères » beaucoup plus de portraits. Malgré l’épigraphe d’Erasme être utile et non blesser », la satire est beaucoup plus ouverte et incisive ; la peinture plus minutieuse et plus exacte. C’est un auteur stimulé par le succès qui parle, dans un style plus brillant aussi. La cinquième édition 1690 comprend 159 pièces supplémentaires. La situation générale les troubles religieux, la révolution anglaise expliquent un raidissement dans l’attitude. Le regard est encore plus attentif et plus cruel, et se livre à la décomposition des apparences. La Bruyère constate le divorce total entre l’idéal et la réalité, lieu de la facticité. Et il est animé de pulsions contradictoires, fuite misanthropique V, 27, 29 ou mouvements de charité IV 48. La sixième édition 1691 comprend 64 nouveaux caractères. En XIV 14, l’auteur apparaît en toutes lettres ans une remarque ironique. Là sont les grands portraits Giton et Phédon ; et l’idéal de sagesse se précise N’être asservi à personne. La septième édition 1692 76 remarques nouvelles ; devant la menace du libertinage, le ton est plus sérieux. La huitième édition 1694 Après son élection à l’Académie, La Bruyère répond dans son discours à la double accusation que son livre n’en pas vraiment un, et que ses portraits, visant seulement le particulier, sont sans portée universelle. Cette édition comprend 47 textes supplémentaires. Les derniers portraits atteignent à une rare perfection artistique Theonas, Irène, Cydias…. La Bruyère y dénonce le rôle néfaste de l’argent et toutes les aliénations qui transforment l’homme en chose » et l’empêchent d’être lui-même. Conclusion cf. Van Delft - Rapport étroit entre approfondissement du pessimisme et rééditions surtout le chapitre Des Esprits forts » très augmenté dans la quatrième édition. La Bruyère s’affranchit de ses modèles Montaigne et La Rochefoucauld, et la critique, au départ un peu superficielle donne progressivement naissance à une morale cohérente - La peinture, au début très générale, se fait de plus en plus concrète et individuelle les maximes perdent du terrain au profit des portraits, d’autant que ces portraits ont beaucoup de succès. Mais ce passage à l’individualité marque aussi un approfondissement. - Il y a des thèmes permanents critique sociale, art d’écrire, défense de la religion, observation des ridicules et dénonciation des valeurs vaines mais des thèmes nouveaux apparaissent actualité politique, questions de langage, rapports familiaux…. - On peut souligner la présence très marquée de l’auteur dans son livre à chaque édition on y voit exposée une blessure du mérite personnel, avec un sentiment d’inadaptation dans la société de son temps par rapport à un âge d’or dont il aurait la nostalgie et son esprit mordant et satirique est une réaction de défense qui permet de surmonter ce sentiment.
Un caractère bien fade est celui de n'enavoir aucun . Voilà qui annonce la couleur ! Dans ses Caractères, oeuvre magis-trale à laquelle il a consacré sa vie, La Bruyère brosse un portrait au vitriol de ses contemporains. Fin observateur, il n'épargne personne l'ambition du courtisan, l'égoïsme du puissant, la vanité dupédant sont tournés en ridicule. Et à tra-vers eux, c'est toute une société, celle du paraître et de l'argent, qui est fustigée. - Une frise chronologique historique et culturelle- Une introduction Pourquoi lire Les Caractères au XXI ? siècle ? - Le texte intégral annotéDes sujets pour s'entraîner à l'oral et à l'écrit du bac- Des analyses de textes au fil de l'oeuvre- Un commentaire de texte et une dissertation rédigés- Des exercices de grammaire avec corrections- Des exercices d'appropriationUn dossier pour situer et comprendre le texte- Une présentation de l'oeuvre et de La Bruyère dans son époque- Les mots importants des Caractères- Un groupement de textes autour du parcours du bac La comédie La Bruyère Jean deEditeur GALLIMARDDate de parution 03/06/2021Nombre de pages 229Dimensions x x savoir +Livraison ou retrait dès 1/2 semaines Delivery date fragmentsA partir de 1,99€ - Retrait offert dès 25€ Un caractère bien fade est celui de n'enavoir aucun . Voilà qui annonce la couleur ! Dans ses Caractères, oeuvre magis-trale à laquelle il a consacré sa vie, La Bruyère brosse un portrait au vitriol de ses contemporains. Fin observateur, il n'épargne personne l'ambition du courtisan, l'égoïsme du puissant, la vanité dupédant sont tournés en ridicule. Et à tra-vers eux, c'est toute une société, celle du paraître et de l'argent, qui est fustigée. - Une frise chronologique historique et culturelle- Une introduction Pourquoi lire Les Caractères au XXI ? siècle ? - Le texte intégral annotéDes sujets pour s'entraîner à l'oral et à l'écrit du bac- Des analyses de textes au fil de l'oeuvre- Un commentaire de texte et une dissertation rédigés- Des exercices de grammaire avec corrections- Des exercices d'appropriationUn dossier pour situer et comprendre le texte- Une présentation de l'oeuvre et de La Bruyère dans son époque- Les mots importants des Caractères- Un groupement de textes autour du parcours du bac La comédie La Bruyère Jean deEditeur GALLIMARDDate de parution 03/06/2021Nombre de pages 229Dimensions x x / EAN cfd4d6d3-fe8d-4334-b380-7613d9d8fb68 / 9782072944338 LES CARACTERES LIVRES V A X, La Bruyère Jean deIl n'y a pas encore d'avis pour ce produit. Magasin AuchanEstimée le 07/09/2022 1,99€ Votre commande est livrée dans le magasin Auchan de votre choix. Vous êtes prévenu par email et/ou par SMS dès la réception de votre commande par le magasin. Vous retirez votre commande en moins de 5 minutes en toute autonomie, quand vous le souhaitez selon les horaires d’ouverture de votre magasin et vous en profitez pour faire vos courses. Votre colis reste disponible en magasin pendant 14 jours dès réception. Point relaisEstimée le 07/09/2022 1,99€ Votre commande est livrée dans le Point Relais de votre choix. Vous êtes prévenu par email et/ou par SMS dès la réception de votre commande par le Point Relais. Souvent ouverts jusqu'à 19h30 et parfois le week-end, les 12500 Points Relais disponibles en France offrent l'avantage d'être proches de votre domicile ou de votre lieu de travail. En cas d'absence, ils conservent votre achat pendant 14 jours avant de nous le retourner. Livraison à domicileEstimée le 07/09/2022 2,99€ Pour les produits vendus par Auchan, votre commande est livrée à domicile par La Poste. Absent le jour de la livraison ? Vous recevez un email et/ou un SMS le jour de l'expédition vous permettant de confirmer la livraison le lendemain, ou de choisir une mise à disposition en bureau de poste ou Point Relais.
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